Pourtant grand fan de films de sous-marins et de la filmographie de Kathryn Bigelow, jusqu'à présent je n'avais jamais vu son K-19. Le film retranscrit sur grand écran une histoire vraie, celle d'un sous-marin Russe nucléaire, en mission pendant la guerre froide entre les Etats-Unis et l'URSS, mais ici les évènement sont vus du côté Russe.
Première chose qui interpelle le spectateur que je suis, ce sont les protagonistes Russes incarnés par des acteurs anglophones, qui parlent tous anglais sans la moindre astuce pour nous faire passer la pilule. Walkyrie et À la poursuite d'Octobre Rouge, eux au moins, faisaient l'effort de faire un travail de transition entre le parler russe (ou allemand pour Walkyrie) et le parler anglais, mais là non, c'est à nous d'accepter dés le départ que les deux têtes d'affiche Liam Nelson et Harrison Ford sont Russes. J'avoue avoir eu beaucoup de mal à l'accepter.
K-19 c'est aussi un film catastrophe, un sorte de Tchernobyl sous l'eau. C'est ce qui fait son originalité (sa seule originalité) et ce qui le démarque dans un genre dominé par Das Boot et USS Alabama dont il empreinte de nombreux aspects. Tout d'abord, le film adopte la même mise en scène et la même direction artistique que Das Boot, ou tout du moins, essaie avec plus ou moins de succès (et plutôt moins que plus). On comprend tout de suite pourquoi Kathryn Bigelow s'est intéressée au sujet, une histoire vraie et forte avec beaucoup de testostérone (aka Point Break et Démineur). On ressent clairement sa patte dans le soin apporter à la véracité, à vouloir rester le plus proche possible de la réalité. Par contre, on ressent nettement moins sa patte dans la mise en scène, des mouvements de caméra qui singent vraiment trop Das Boot, sans l'égaler malheureusement.
Ensuite, l'opposition dans le film entre Liam Neeson et Harrison Ford copie sans la moindre originalité celle entre Gene Hackman et Denzel Washington dans USS Alabama. C'est exactement la même opposition de caractères, entre le capitaine en chef prêt à tout pour réussir sa mission et son second plus proche de ses hommes. Et même la résolution du conflit entre les deux hommes est la même au final. Et puis, pour revenir aux deux tête d'affiches (ou plutôt une seule en l'occurrence), il est à noter qu'Harrison Ford est producteur du film et ça se ressent. Tout d'abord, au lieu d'avoir réellement les deux têtes sur l'affiche, Liam Neeson n'a droit qu'à son nom. Et pourtant, son personnage est au moins aussi présent, si ce n'est plus présent dans le film, que celui interprété par Harrison Ford. Ensuite, comme Harrison Ford ne peut décidément pas se résoudre à incarner un méchant, il s'est débrouillé pour en faire un méchant qui en fait, n'est pas si méchant que ça. Ce choix d'interprétation dessert complètement le film et c'est en complet contradiction avec le message qu'il veut faire passer. On est loin d'un Gene Hackman qui en imposait tellement plus dans USS Alabama. Liam Neeson quant à lui s'en sort mieux, mais c'est exactement la même performance que dans La Liste de Schindler, le même personnage plein de compassion.
Au final, K-19 est une petite déception, c'est un film de sous-marin assez, voire même très moyen et sans grande originalité ... et surtout, Kathryn Bigelow vaut tellement mieux que ça !