Comment le Japon a mis a terre 30 ans de cinéma US de super héros
Pauvres occidentaux que nous sommes, nous qui croyons que le cinéma de genre Japonais se résume à violence barge et nanars risibles du dimanche soir.
Pourtant pendant qu'on adule Avengers ou les Batman de Nolan, le pays du soleil levant a livré ce qui s'est fait de mieux dans le genre depuis bien trop longtemps.
Derrière son nom de produit détachant de textile, K-20 est, ne nous méprenons pas, une série B; tout comme est ou devrait l'être la plupart des films de super héros.
Cela est certainement du à une intrigue somme toute classique, voir très générique (en particulier le My fair Lady, a l'envers du personnage principal féminin), je le concède.
Mais la ou se situe le génie de K-20, c'est dans sa réappropriation totale du concept de super héros.
L'introduction le dit largement: nous sommes situés dans un univers steampunk ou le Japon se retira de la Seconde Guerre Mondiale et donc par conséquent ne subira jamais l' "influence" américaine que nous connaissons aujourd'hui.
Preuve en est que les faibles dans le film ne seront pas de simples gens de la classe moyenne ou aisée menacés par un psychopathe menacant de détruire la ville ou le monde.
Les faibles sont ceux que l'on connait: ceux qui sont obligés de vivre dans des bidonvilles, ceux qui se battent pour nourrir et qui se tuent au labeur pour gagner des misères.
Mieux encore, K-20 reconnait la nécessité de voler pour survivre, la ou aujourd'hui dans le cinéma américain il s'agit d'un crime pur et dur.
Rappelons juste pour l'exemple le très récent remake de Robin des Bois (dont K-20 s'inspire énormément du mythe originel), ou Robin devient soudainement un réactionnaire nationaliste, puisque aux USA le socialisme c'est caca.
Et le héros Endo viendra justement de cette classe, qui ayant tout perdu, de ses parents à son mentor, y retrouvera auprès de ces rejetés/voleurs, une nouvelle famille.
Si en effet, sombre histoire de vengeance a la [insérer nom de super héros random de DC/Marvel], il y'a, l'essence même du super héros qu'il incarne, sera la justice sociale.
Même si je déplore, le twist de fin concernant le méchant K-20, il est en réalité bien plus que nécessaire au propos du film, confrontant ainsi avec Endo, le rapport (parfois cruel) à l’ascension sociale.
Je n'en n'oublie pas pour autant la forme, qui fait d'autant plus plaisir que de voir, qu'à quelques exceptions près (dont la pop song occidentale de générique, putain d'inattendue, mais bizarrement très appropriée avec le film), le film se démarque totalement des blockbusters comics actuels; ces derniers se copiant entre eux comme les familles se reproduisent entre elles au fin fond du Texas.
Les inspirations de K-20 viennent de tout bord: alors peut être un peu de Spider-Man certes, mais beaucoup de Steampunk, de pulp comme The Shadow, de Fantomas (!) et surtout d'Alexandre Dumas, le film assumant dans l'idée, que le super héros est un prolongement moderne du film de cape et d'épée.
Conséquence directe de cela, les scènes de parkour évoquant les héros francais de la renaissance, sont à ce jour les meilleurs jamais filmées de ce sport (?).
Ce qui rend d'autant plus impressionnante la perfomance de Takeshi Kaneshiro, d'un charisme phénoménal, et qui arrive à faire d'un grand dadais naïf, un héros passionnant, habile et touchant.
En 2012 on a eu The Dark Knight Rises ou les pauvres n'avaient pas voix au chapitre, puisque leur vote impliquait forcément la destruction de la ville/société.
K-20 lui retourne complétement la logique de Batman.
Et si à la place du petit garçon dont les parents viennent de se faire attaquer par un voleur, on s’intéressait justement à ce dernier ?
Et si justement les vraies menaces, c'était d'avoir peur de ne plus avoir à manger demain ou après demain ?
Ces intentions ne feront jamais de K-20 un film plus talentueux, ou plus spectaculaire.
Cela en fera simplement un film plus noble.
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