Kabaddi
Kabaddi

Film de Rambabu Gurung (2014)

Sorti en 2014, Kabaddi est une comédie sociale réalisée par Ram Babu Gurung et doublement récompensée aux NFDC Awards 2015 (cérémonie népalaise) par le prix du meilleur film et celui du meilleur réalisateur.


L'histoire prend à place à Naurikot en pleine campagne népalaise. Kazi (Dayahang Rai), un trentenaire sans grande ambition, jette son dévolue sur Maiya (Rishma Gurung), une jeune fille du village. Il passe ses journées à tenter de la séduire sans succès. Elle, rêve de rejoindre la capital pour poursuivre ses études universitaires. Ce duo va être chamboulé par l'arrivée de Bibek (Nischal Basnet), un mystérieux jeune homme venu de la ville.



Une bouffée d'air frais népalais



La première chose qui frappe en regardant le film c'est l'amour que porte Ram Babu Gurung pour son pays. La caméra virevolte à travers la campagne et les habitations du village. Des plans iconiques offrent une vue magnifique sur les paysages tout en marquant les aspirations des personnages. Les fleurs des rhododendrons, symbole du Népal, sont partie prenante du récit. Plus qu'une simple carte postale, Kabaddi offre une petite expérience immersive dépaysante.


La deuxième, c'est que c'est drôle. C'est toujours difficile de retranscrire l'humour d'un film par écrit, mais je dois dire qu'il y a beaucoup d'idées bien exploitées et que le film comporte son lot de situations rocambolesques, de répliques cocasses et de rencontres improbables. C'est original et ça marche.


Le film souffre par contre d'une deuxième partie plus prévisible et qui n'assume pas tout à fait les enjeux qu'il tente de construire. Une fois arrivé à Katmandou, le film prend des airs de faux-thriller, perd de sa superbe, et le soufflet comique dégonfle légèrement.


Kabaddi joue avec les codes des films de romances habituels sans rentrer totalement dans de la parodie. Il brise plusieurs fois le quatrième mur avec quelques références méta dédiées au casting. Ainsi lors de l'arrivée de Bibek , un ami de Kazi le questionne.



"Qui est ce méchant ?" "



"C'est un héro qui tourne des films à Mustang"



Ironique sachant que c'est effectivement le cas de son interprète Nischal Basnet, producteur de ce film et réalisateur de Loot.


Le casting est d'ailleurs plutôt bon. Dayahang Rai, que j'avais déjà eu l'occasion de voir dans Loot (critique ici) et Highwhay(critique ici), porte le film sur ses épaules. Ses mimiques, sa bouille joufflue et son potentiel comique naturel sont très bien exploités. Il donne de sa personne et ça se voit à l'écran. Toute nouvelle dans l'industrie, Rishma Gurung délivre une prestation pleine de relief et incarne parfaitement son personnage au caractère trempé. Pour Nischal Basnet, ça se gâte un peu : son jeu est assez caricatural par moment et souvent plat.


Le générique de fin comporte un petit bêtisier assez sympathique à regarder. On sent qu'ils ont pris beaucoup de plaisir à fabriquer le film et c'est assez communicatif.



Une critique sociale



La force du film c'est également de parvenir à dessiner par petite touche le portrait de la société népalaise.



"Mon père a construit sa maison avec de la boue. Il me faudra un tas d'argent pour construire la mienne"



Ram Babu Gurung évoque une jeunesse pleine d'aspirations qui ne se reconnait plus dans le mode de vie de leurs aînés. De cette volonté d'émancipation née l'envie d'étudier, de quitter le village, et de partir travailler à l'étranger, en Arabie Saoudite, en Inde ou au Japon. Et on voit bien le décalage avec leurs parents qui n'ont connu que le travail manuel dans les champs.



"La vie sans éducation est sombre"



"Le gouvernement va t-il donner un job à tout ceux qui font des études ?"



Le film revient également un sujet tabou au Népal : le mariage forcé. On assiste au conseil du village durant lequel le destin de Maiya est ouvertement discuté. Ce passage est traité avec une certaine pudeur pour rester raccord avec le ton léger du film. Gurung ne tranche pas entièrement la question, mais on devine toutefois sa position sur le sujet.



"Les temps ont changé. Devons nous changer les coutumes ?"





Résultats des courses. Kababbi est un petit cocktail frais, dépaysant à l'humour bien dosé et doté d'une petite toile de fond sociétale. Il me tarde de voir sa suite, Kabaddi Kabaddi, sorti fin 2015 !


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GigaHeartz
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le 13 mai 2016

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