Kaboom
6.2
Kaboom

Film de Gregg Araki (2010)

Par Jérôme Momcilovic

Kaboom : voilà un film explosif. Il faut commencer par là puisque dans ce titre parfait, tout est dit. Tout, c'est-à-dire, ensemble, la remarquable décontraction d'Araki (qui à la fois fait un film léger, récréatif, et peut-être, d'une certaine manière, son meilleur - lire notre entretien), l'enthousiasme libérateur que le film inspire, et aussi le rigoureux programme fixé pour la mise en scène. La légèreté d'abord : le film parait presque une pochade, tout y semble permis (d'ailleurs Araki ne s'est pas fixé d'autre horizon), c'est un tour de manège acidulé et jubilatoire, enivré tout du long par une énergie qui n'en finit plus de grossir jusqu'à ce que, « Kaboom », le film s'arrête, sèchement, comme épuisé par son éblouissante vitalité. Alors c'est simple, il fait un bien fou, il y a longtemps qu'on ne s'était pas amusé comme ça. Mais il faut voir aussi avec quelle intelligence Araki active cette apparente désinvolture, il faut voir la cohérence avec laquelle son inspiration se développe à partir d'un sujet, les teens, auquel il n'a pas renoncé depuis ses débuts (et Araki, quand même, a aujourd'hui une bonne cinquantaine). Kaboom, c'est frais, mais c'est aussi un peu plus que ça.

A Cannes, en 2010, où sa légèreté le condamnait à une séance de minuit, le film a suscité un fort enthousiasme, qui pour les plus euphoriques se disait grosso modo dans ces termes-là : le film donne très envie de baiser. De fait, c'est bien ce qui l'occupe. Durant 1h26 qui filent à une vitesse ahurissante, les trois principaux personnages, un garçon et deux filles, zonent dans leurs chambres de cité U, papotent au réfectoire de la fac, et puis finissent embarqués dans un épais mystère à la Twin Peaks pour se découvrir des superpouvoirs et une destinée qui leur fait peser sur les épaules rien de moins que le sort de l'univers. Mais surtout, ils baisent. Cette obsession n'est évidemment pas une surprise. D'abord, elle est le sujet du film, dès lors que c'est à son aune qu'Araki ausculte la jeunesse, par exemple celle de Smith, le garçon, évoquant d'emblée le planning chargé qu'inspirent à sa main droite les apparitions de son colocataire hétéro, un surfeur demeuré idéalement prénommé Thor. Surtout, pareil intérêt n'est pas neuf chez Araki. Kaboom renoue avec la veine la plus érotique de son cinéma, celle de The Doom génération, et d'ailleurs le film se présente comme un retour à la Teen apocalypse trilogy (Totally fucked up + The Doom génération + Nowhere). Sauf que ce n'est pas tout à fait ça. (...)

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Chro
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le 14 avr. 2014

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