Un hôtel presque angoissant
Chers spectateurs et chères spectatrices, Vous, qui avez cliqué et pris un ticket pour voir ma critique, prenez place et installez-vous convenablement. Le film prend place dans un univers...
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le 22 oct. 2020
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Bon...on ne va pas se mentir, je suis toujours un peu sceptique face aux films produits par Netflix. Certes, j'ai déjà eu de bonnes surprises et je suis sûr que vous en direz de même mais il faut reconnaître que le travail d'écriture n'est pas toujours concluant. Pour tout vous dire dès les premières lignes, je trouve que Kadaver n'y fait pas exception. Hier soir, j'ai voulu en savoir un peu plus sur cette production norvégienne et sur son étiquette de thriller horrifique si bien annoncée sur la fiche. Étant particulièrement amateur de ce genre de films, le synopsis m'a plu et je me suis alors lancé sans regarder la bande-annonce.
Premières images après une courte introduction : le réalisateur installe une ambiance absolument terrible et pesante ; des bâtiments en ruine, des cendres et des débris qui jonchent les rues, des cadavres qui gisent sur le sol, nous plongeant directement dans une ville dévastée par l'holocauste nucléaire d'après-guerre. L'obscurité y règne en maître et nous enferme dans une atmosphère oppressante et très peu rassurante.
S'ensuit la présentation de nos protagonistes, une petite famille modeste qui souffre comme le restant de la population de la famine et de la misère. Un sentiment de désespoir se fait ressentir lorsqu'ils se rendent compte qu'ils sont autant en insécurité à l'intérieur qu'à l'extérieur. Le manque de vivres est également un facteur considérable. Cette ambiance me fait clairement penser au film The Road, avec Viggo Mortensen et Charlize Theron.
Alors qu'ils ont vidé une ou deux conserves, ils entendent par le mur en bois délabré un vieil homme faire l'annonce d'un spectacle unique en son genre dans l’hôtel-théâtre de la ville, promettant un repas par personne durant la représentation. Dès lors, les gens se ruent vers lui pour savoir exactement de quoi il en retourne et quel est le tarif d'entrée, ce à quoi il leur répond en d’autres termes que c'est accessible à tous.
À partir de là, nos personnages prennent leurs billets et décident de s'habiller de façon plus "officielle" pour l'occasion. L'entrée dans l’hôtel est proche du divin - un parallèle sera d'ailleurs fait lors du dénouement - avec des halos de lumière aux couleurs chaudes, vives et intenses. L'endroit est embelli par l'éclairage, les grandes tablées, les ornements sur les portes et les murs, le personnel en smoking, l'espace dans le hall central qui donne une idée de liberté et de grandeur et bien évidemment les réactions des invités, rayonnants et admiratifs.
À peine assis, les serveurs amènent des assiettes sous cloche et y révèlent des morceaux de viande copieux et juteux. Sans hésiter, les invités se précipitent sur leur plat et font la connaissance des autres membres à leur table. Confiants et naïfs, ils ne soupçonnent en aucun cas ce qu’il va se passer après.
Telle une expérience sociologique à la Black Mirror, le directeur de l’hôtel arrive et pose une question rhétorique, qui fera écho pendant tout le film :
"Qu'est-ce qui sépare l'homme de l'animal?"
Pour ne pas raconter en détails ici le déroulement des scènes à l'intérieur de l’hôtel - je spoile un peu plus bas - je trouve que le réalisateur fait revenir des thèmes récurrents tels que ceux de la survie, des liens familiaux, de l'hypocrisie, du malsain, du gore et du voyeurisme. Un subtil mélange entre Hostel, The Shining et The Game et un cocktail qui dérange très souvent le spectateur.
Le film se débrouille assez bien car les scènes ne sont pas toujours prévisibles, notamment avec quelques plot twists bien ficelés. La réalisation est rondement menée, on peut souligner des plans caméra qui surviennent à plusieurs reprises : l'effet spiralique depuis le dernier étage des escaliers en colimaçon qui donne une impression de vertige et de trajectoire labyrinthique dans l’hôtel, ou encore le travelling arrière depuis un élément du tableau (ici, l'œil de brebis, représenté dans les légendes comme un animal satanique) qui va dévoiler l’entièreté de l'œuvre : une sorte de mise en abîme du film.
Les accessoires et les costumes sont aussi très bien choisis : le masque, symbole important et omniprésent sur les affiches et les promotions du film est dépourvu de toute expression et affiche un visage neutre proche de la déshumanisation ; c’est une métaphore saisissante de la société dans laquelle les personnages évoluent.
Le sujet est très intéressant mais son potentiel est malheureusement gâché par une mauvaise écriture, on se dit qu'il manque clairement les fondations à l'édifice.
Je pense que le rôle des personnages est clairement discutable : /spoil/
La mère se balade beaucoup trop tranquillement alors que tous les autres invités ont déjà été attrapé par les bourreaux.
Le père débarque de nulle part après avoir disparu pendant des heures et veut convaincre sa femme, morte de peur et d'inquiétude, de rejoindre les acteurs alors qu'Alice, leur fille, a potentiellement été tuée et va être servie avec du poivre et des échalotes au repas des nouveaux invités.
Les bourreaux ne faisaient presque rien de façon explicite quand ils étaient tous les trois au début du film mais deviennent des grosses brutes complètement dépourvues d'empathie et de logique, entre le milieu et la fin du film quand la mère repasse seule dans les couloirs avec son masque.
Et alors que dire du final...
Alice rejoint sa mère dans le plus grand des calmes arrivant comme une petite diva en descendant le tapis du festival de Cannes quoi...Même si le directeur voyait en elle l'image miroir de sa propre fille, ça n'a vraiment aucun sens...
/spoil/
C'est donc une bonne série B avec des loupés, une fois de plus, et c'est d'autant plus frustrant tant il y avait de choses à faire là-dessus.
Créée
le 22 nov. 2020
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