Dieu, la Torah, et rien d'autre !
Amos Gitaï est l'épouvantail du cinéma israélien. Celui qui aime parler des choses qui fâchent.
Filmeur d'une narration lente et naturaliste, Gitaï est un incorruptible du long plan-séquence. Alors chercheurs d'adrénaline et de légèreté, passez votre chemin. Gitaï aborde la vraie vie, amorale et souvent impitoyable avec les pauvres créatures gambergantes que nous sommes.
Avec Kadosh, c'est le fanatisme religieux qui passe sur le grill. La longue scène d'ouverture où, lors du patient rituel de la prière du matin, le dévot remercie Dieu "de ne pas l'avoir fait femme" annonce la couleur : Le rang et - plus encore - le désir des femmes n'ont aucun droit de cité chez les barbus. Seule la loi divine prévaut. Kadosh, c'est aussi une peinture sans complaisance sur la vie spirituelle des yeshivas - les écoles talmudiques - et la misère matérielle dans laquelle vivent les ultras-orthodoxes, dixit leurs habitations, tristes, vétustes et délabrés (La plupart d'entre eux passent leur temps à étudier la Torah en subsistant de petites allocations d'Etat).
Fidèle à sa ligne de conduite cinématographique épurée, la vraie et grande force de Gitaï repose d'abord sur une excellente direction d'acteurs tous très talentueux. Ils ne "jouent" pas mais habitent littéralement leurs rôles. D'où l'importance CAPITALE de voir ce film en version originale pour ne pas briser cette lourde tension, qui sent le vécu, et rendre le film médiocre.
Kadosh est le plus réussi du triptyque des 3 "K" de Gitaï, avec Kedma et Kippour.
Une vraie claque, qui traumatisera toute femme qui se respecte, et renforcera l'athéisme des rationalistes fanatiques.