Kamikaze Girls est un film complètement délirant, un ovni cinématographique comme on en fait peu ! Le « pitch » est plutôt invraisemblable, une lolita et une motarde qui se lient d’amitié, mais qu’importe, on y croit à fond, le film passe comme un bonbon acidulé. Car il en a les couleurs, la photo est passé au filtre, donnant un effet surréaliste. De plus les situations loufoques se succèdent, entre les séquences animés et les rêveries franco-rococo de Momoko. N’oublions pas d’ajouter la galerie de personnages surprenant, mention spéciale à Ryuji la licorne avec une coiffure en banane de 50 cms au moins. Délire aussi au niveau des costumes, où on perçoit bien les différences entre Momoko et Ichigo, l’une soigneusement attifée comme une poupée rococo avec des robes de la marque Baby, the stars shine bright, et l’autre totalement négligée, se vêtant au supermarché du coin, à la grande horreur de Momoko. Enfin du coté des acteurs c’est aussi le délire, puisque tout est surjoué, chacun en fait des tonnes, Momoko en fait des tonnes pour exprimer son dégoût de la vulgarité de Ichigo, sa préciosité renforcée par sa petite voix toute aiguë, contrastant avec la voix grave de Ichigo. En résumé la forme est kitschissime mais toujours assumé, ce qui assure un bon spectacle.
Bien sur pour qu’il soit réussit il ne faut pas non plus négliger le fond, il parait simple (l’amitié de deux personnes que tout oppose) mais en creusant un peu on peut voir d’autres thèmes apparaître : c’est aussi un film qui traite de deux sous-cultures japonaise, avec les mouvements des lolitas et des yankees. Ils peuvent paraître très différents en apparence mais ils se rejoignent sur un point, le rejet de la société traditionnelle. On voit bien à quel point elle ne réponde plus aux attentes et difficultés de ces jeunes qui préfèrent se réfugier dans l’anticonformisme et dans leur monde à eux, un passé idéalisé pour Momoko et un groupe où elle peut jouer les durs pour Ichigo. Les situations sont différentes pour chacune des filles, mais au final elles apprendront toutes les deux que l’important c’est de rester soi-même en toute circonstance et affirmer sa différence, n’est ce pas ça devenir adulte ?
Artzone Chronicles