Les lineups des sorties DVD/Bluray ne cessent de se remplir de films asiatiques, et ce pour le plus grand bonheur des amateurs. C'est au tour de Kamui, le ninja solitaire, adapté du manga de Sampei Shirato d'avoir enfin le droit d'être distribué dans nos contrées.
Kamui (Kenichi Matsuyama) est un paria. Depuis sa plus jeune enfance il est rejeté, et sera obligé, par la force des choses, de devenir un ninja pour avoir un moyen de subsister. Mais Kamui rêve d'autre chose, il rêve d'appartenance, et c'est au cours d'un long voyage qu'il finira par trouver ce qu'il recherche, étant enfin accepté dans un paisible village. Une paix qui ne sera hélas que trop brève, Kamui étant sans cesse poursuivi par ses démons.
Commençant sur les chapeaux de roues, le film nous offre un déluge d'action, soutenu par de superbes chorégraphies, dans le plus pur style japonais, nous montrant à quel point Kamui excelle dans sa discipline.
Par la suite, le film prend un tout autre tournant, car Kamui n'est pas un film d'arts-martiaux à proprement parler, mais plutôt une fable sur un homme rejeté cherchant des personnes qui l'acceptent malgré sa condition, mais aussi à se débarrasser de cette nécessité de tuer pour pouvoir survivre.
Si l'histoire s'avère sympathique à suivre, mélangeant habillement mort et poésie, son traitement s'avère en revanche quelque peu inégal. On dirait même que pour une raison inconnue, le réalisateur, Yoichi Sai, contrebalance chaque réussite par un échec, comme une scène de pêche joliment filmée mais suintant le tournage en studio, ou encore toutes sortes d'animaux rajoutés en CGI d'une façon laissant parfois dubitatif.
On pourra reprocher également quelques dialogues légèrement cul-cul lors des combats, et surtout inutiles, rappelant les répliques qu'échangèrent Goku et Freeza par le passé.
Malgré ces défauts visuels et scénaristiques, les acteurs se montrent quant à eux convaincants, évitant le cabotinage inhérent à ce genre de production, et l'on ne pourra pas oublier Kenichi Matsuyama, incarnant avec brio son personnage torturé par une fatalité dont il ne peut se débarrasser. On appréciera aussi la variété des décors, qui même s'ils sont quelque peu handicapés par une post-prod décevante, nous montrent toutes sortes de paysages plaisants et dépaysants, typiques de l'époque d'Edo (le premier qui me parle de Japon féodal se prend mon pied au cul) mais également rafraîchissants suite à la catastrophe qui a récemment ravagé le Japon.
Bref, Kamui, le ninja solitaire est une oeuvre intéressante, mais extrêmement triste, sorte de fresque macabre, dans laquelle la mort ne cesse de poursuivre notre héros, comme une malédiction dont il ne peut se défaire.
Pour conclure, ceux qui s'attendaient à un film de castagne incessante risquent d'être déçus, car même si le film offre son lot d'action, est avant-tout un drame. C'est d'ailleurs cette surprise qui permettra à ceux qui ne sont pas particulièrement friands des coups de tatanes de savourer un film de ninja tranchant littéralement avec les productions habituelles.
Mention spéciale pour Kenichi Matsuyama, dont la popularité ne cesse de grandir au Japon, et qui est presque devenu une figure incontournable depuis son rôle de L dans les différents live-action movies basés sur Death Note. Ce qui lui a d'ailleurs valu d'avoir son propre film, L: Change the World. Il est d'ailleurs surnommé « le Johnny Depp Japonais », rien que ça !
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