Au tour de Mary Elizabeth Winstead d'aller faire exploser les jauges de body count dans son propre film d'action survitaminé rien qu'à elle ! Et tant mieux car il faut bien reconnaître que l'on adore cette talentueuse comédienne dont le potentiel prometteur d'action woman a d'ailleurs encore été entrevu dernièrement par l'intermédiaire de son rôle de Huntress dans "Birds of Prey". Charismatique au possible et totalement investie dans le rôle de cette tueuse à gages déterminée mais rattrapée par ses failles, elle est bien évidemment la principale attraction de "Kate", sans doute même bien plus que d'autres comédiennes s'étant récemment essayées à ce style de long-métrage cherchant à prouver que la gent féminine peut rivaliser sans mal avec les capacités meurtrières d'un John Wick ! Cependant, "Kate" a également le malheur d'arriver justement après une fournée de films de ce genre sans autre grand argument que son actrice aussi douée au corps-à-corps que derrière le canon d'une arme pour décimer une bonne partie de la population mafieuse de la capitale nippone.
Non pas que l'on ait des grandes attentes de subtilité en ce domaine mais, scénaristiquement, on ne peut pas dire que "Kate" cherche en effet à faire le moindre effort pour se démarquer du lot en accumulant bon nombre de lieux communs indissociables de ce type d'intrigue : une héroïne élevée pour tuer façon "Nikita", une envie de normalité après le trauma d'un dernier job, l'approche fatidique de sa propre mort sur le très court-terme pour faire monter la sauce, une fillette sur sa route afin de l'humaniser, des rebondissements à base de traîtrises qui n'étonneront guère qu'un nouveau-né dans le milieu des meurtres commandités au cinéma... Faute d'une quelconque cartouche originale à balancer dans cette histoire, "Kate" mise sur une espèce de pot-pourri maximal d'enjeux clichés dans le but de précipiter le plus vite possible sa tueuse vengeresse dans une série d'affontements où seules sa condition précaire et la question familiale l'unissant de par les circonstances à plusieurs personnages seront là pour apporter de l'émotion à l'ensemble (en cela, les interactions intergénérationnelles du trio composé par Mary Elizabeth Winstead, Miku Martineau et Jun Kunimura sur leur douleur commune feront leur petit effet).
Prenant pour cadre un Japon mêlant la modernité aux traditions, où les couleurs vives et l'imagerie naïve du kawaii se disputent à la froideur citadine comme pour mieux souligner les réminiscences d'une enfance volée dans les ténèbres criminelles, les séquences de combat quant à elles auront toujours le mérite de se montrer efficaces, n'éludant jamais la violence qu'implique la rage de son héroïne face à son sort (et les coups qu'elle se prend en retour) tout en faisant preuve d'un minimum d'inventivité grâce à la propension de cette dernière à improviser selon les moyens du bord. Certes, rien de bien révolutionnaire à signaler sur ce point mais, dès que la faune locale de gangsters se frotte d'un peu trop près à Kate, on est quasiment assuré que la caméra de Cedric Nicolas-Troyan saura mettre en valeur les prouesses de son actrice principale face aux pires menaces, qu'elles soient en masse dans les ruelles tokyoïtes ou réduites au plus petit nombre durant un face-à-face haletant dans le penthouse luxueux d'un immeuble.
Porté par une Mary Elizabeth Winstead -que l'on savait par avance- irréprochable dans ce registre, "Kate" fait donc le job en n'ayant finalement pas grand chose d'inédit d'autre à offrir que l'actrice au centre de scènes d'action convaincantes. Ça n'en fait pas un vilain petit canard en sa catégorie pour autant, loin s'en faut même, mais on ne pourra que regretter de voir gaspiller un tel atout dans une proposition ne se donnant pas toutes les chances d'être un minimum marquante au-delà de l'aspect divertissant que représente son visionnage.
Dame Winstead méritait mieux.