Un film assez rare désormais qui fut pourtant l'un des premiers titres russes à s'intéresser à un personnage féminin indépendant et fort, qui ne laisse pas démonter même lorsqu'elle attend un enfant et qu'elle est moquée par ses amies. Ce thème deviendra même à la mode durant les années à venir avec certains films qui devinrent plus connus (Trois dans un sous-sol par exemple). Pas mal de chose intéressante dans l'approche du film avec une veine documentariste assez prononcée : beaucoup de scènes sont tournées en extérieur, la dimension sociale est assez bien rendue et les comédiens ont suivis de véritables caractères pour s'imprégner de leurs rôles. L’interprétation est d'ailleurs très moderne et de première ordre, surtout les personnages féminins. Il y a certes l'héroïne mais également une sorte de Vamp manipulée à son tour par l'ancien amant de Katka qui sont parfaites dans leurs rôles avec de multiples facettes à leur psychologie qui ne peut être condensées à des formules toutes faîtes.
Leurs partenaires masculins ont un peu plus de mal à s'imposer à l'écran à cause d'une écriture plus conventionnelle et prévisible même si les cinéastes évitent de tomber dans le manichéisme dans leurs descriptions de l'univers qu'ils dépeignent. Le style visuel est ainsi plus sobre, moins démonstratif que beaucoup d'autres films de la même période, notamment sur le montage. La caméra est majoritairement statique mais le découpage est assez alerte et souvent précis. Il est donc curieux de trouver une séquence de dancing qui reprend furtivement et maladroitement le style de l'avant garde française avec une scènes de guinguette exubérante visuellement mais tellement brève que la réalisation semble inadaptée. Elle fonctionne mieux durant le combat final avec un plan rapproché suivant dans les adversaires des tumultueux panoramas.
Sans être un chef d’œuvre, ni même une franche réussite, ce mélodrame a la qualité de ne pas jouer la surenchère et possède une dimension chaleureuse, réaliste et humaine qui lui donne un réel coup de pouce.