Dans une Estonie méconnue mais non pas moins somptueuse, le quotidien de Kertu, fragile et timide, nous est exposé tel le calme avant la tempête. C’est le second personnage, Villu, campé par Mait Malmsten, qui vient transformer cette romance poétique en thriller effréné aux accents dramatiques. Kertu est un torrent de sentiments qui, à travers une histoire authentique et une photographie sobre, joue avec les émotions du spectateur, toujours surpris mais jamais ennuyé. Cette île, tantôt magnifique, tantôt pesante, prend vite des allures de huis clos et de microcosme qui nous oppresse, au fur et à mesure que cette nuit de poésie nous est contée en flashback. Difficile de ne pas être happé par cette douceur qu’on trouve dans les regards ou les plans de caméra qui prennent le temps de déployer leur charme. Chaque personnage agit comme un catalyseur de l’autre, mettant en exergue son meilleur comme ses pires côtés. Entre ombre et lumière, légèreté et lourdeur, dans ses dialogues les plus âpres et violents comme dans ses silences les plus éthérés, Kertu apporte un vent de fraîcheur grâce à une histoire digne d’une tragédie antique.
Extrait de notre critique sur notre blog Los indiscretos :
https://losindiscretos.org/francais/kertu-2013-ilmar-raag-fr