Quand la réalité dépasse la fiction

Kesari s’inscrit dans cette lignée d’histoires mythiques, légendaires ou historiques qui voient s’affronter des faibles contre des puissants. Depuis David et Goliath jusqu’à aujourd’hui avec le combat de l’Ukraine contre le géant Russe en passant par les combat des 300 spartiates contre le puissant Xerxès ; la centaine de texans tenant le fort d’Alamo contre les milliers de mexicains ; les centaines de Cheyennes, constitués principalement de femmes et d’enfants quittant leur réserve et bravant l'armée américaine pour rejoindre le Dakota.

Kesari c’est l’histoire véridique du combat de 21 soldats Sikhs de l’armée indienne britannique assaillis par 10000 pachtounes à la fin du XIXe siècle (septembre 1897). Un combat qu’ils ont mené depuis le fort de Saragarhi qui se trouve aujourd’hui au Pakistan.

Quand on découvre cette histoire, on se demande ce qui a pu motiver un tel combat. Et Kesari pose la question à travers le personnage historique de Havildar Ishar Singh qui était à la tête de ce petit bataillon. Le personnage évolue depuis le début du film où il apparaît heureux de faire partie des soldats britanniques, de connaître l’anglais et d’être l’un des leurs, jusqu’à sa prise de conscience face à l’attitude méprisante d’un officier anglais : « Nous sommes esclaves non soldats. Les Mongols nous ont dominés puis les Britanniques ».

C’est cette prise de conscience qui va donner le ton à ce combat que les Sikhs vont mener non pour les Britanniques qui étaient leurs oppresseurs, non pour de l’argent mais pour pouvoir redresser la tête aussi bien devant leurs colonisateurs que devant les Pachtounes. Ils se battront non comme des esclaves mais par leur libre volonté.

Une histoire qui n’incite pas à la haine mais qui délivre un message de bienveillance et qui le fait une fois encore à travers le personnage de Havildar Ishar Singh. On le voit ainsi défendre une femme pachtoune menacée de mort pour ne pas avoir caché ses cheveux : un élément de l’intrigue qui renvoie bien sûr à l’aujourd’hui de l’Afghanistan. Il travaille aussi à aider les habitants du village à construire la mosquée, il se soucie des blessés de l'autre camp à qui il fait donner à boire :

A la bataille de Anandpur Saab, Bhai Kanhaiya Ji offrait de l’eau aussi bien aux Mongols blessés qu’aux soldats Sikhs. Quand le Guru lui demanda pourquoi, sais-tu ce qu’il répondit ? Je vois Dieu dans tous les homme, aussi bien dans nos soldats que dans les leurs. Comment puis-je Le servir ? En détruisant simplement les ennemis ? C’est la haine elle-même que la bonté détruit.

C’est ce contexte et ce message qui donnent une densité humaine à cette histoire qui ne se réduit pas à une simple lutte armée.

Ces 21 soldats Sikhs ont reçu à titre posthume l'Ordre du mérite indien. Nous avons une connaissance précise de leur acte de bravoure et des étapes de cette bataille car le soldat Sepoy Gurmukh Singh a rapporté au fur et à mesure ce qui se passait à Fort Lockart grâce à un héliographe.

La photographie de Kesari est très soignée avec de superbes paysages montagneux. La bataille est spectaculaire et les effets de manche sont nombreux ! Ce film qui est un Bollywood réussit même à insérer une romance dans l’intrigue sinon ce ne serait plus un Bollywood ! Une romance qui prend peu de place et qui est imaginaire à défaut de pouvoir avoir une place dans la vie de ces soldats totalement engagés. Akshay Kumar campe de manière convaincante le personnage principal. Il est autant à l’aise dans le registre de la comédie que du drame.

Kesari rapporte une histoire qui dépasse la fiction et qui méritait d’être racontée !