Plus que la suite de "Kiba, le loup enragé", il s'agit d'un second volet reprenant le personnage principal et les éléments constitutifs de l'environnement sans pour autant établir une continuité avec ce qui a précédé. C'est un peu comme si Hideo Gosha s'était calmé, avait grandement réduit la voilure du côté des références au western et de la profusion de personnages pour se concentrer un peu plus sur l'essentiel. Et en ce qui me concerne le résultat s'avère payant, avec une intrigue beaucoup plus digeste.
On est dans le chanbara bourrin, encore, pas de doute là-dessus : les sabres sont sortis toutes les 5 minutes et ça tranche sans sourciller. Les effusions de violence sont régulières, certaines plus violentes et sadiques que d'autres — le coup du chapeau dans lequel un samouraï plante son épée pour mieux planter ensuite un antagoniste (prisonnier d'une cage en l'occurrence, et pour l'empêcher de parler) et ainsi éviter de se salir avec le geyser de sang est particulièrement marquant.
L'intrigue reste malgré tout un prétexte pour laisser éclore de jolis plans : le coup de l'escorte de prisonnier qui met en pause un combat contre le chef d'une bande de samouraïs qui allaient violer une femme et la sympathie spontanée teintée de fascination pour l'homme qui lui rappelle son père, ça fait quand même un peu tiré par les cheveux. Et le plus drôle dans cette histoire, c'est que Kiba se retrouve mis hors-jeu pendant une bonne partie du film, suspendu à une corde : on peut dire qu'il paiera cher cette forme de naïveté étrange. Globalement le style visuel de Gosha est davantage travaillé ici, avec de nombreuses séquences marquantes par leur chorégraphie, leur photographie ou leurs décors. Des cordes en pagaille pour attacher les gens, des arbres qui découpent le cadre de duels... C'est quand même agréablement original.