Tranches de western

Je pensais avoir cerné le style de Hideo Gosha en ayant vu des chanbaras comme "Le Sabre de la bête", "Les Trois Samouraïs hors-la-loi", ou encore "Goyokin", mais voilà un film qui ajoute une nouvelle pierre à l'édifice avec une approche différente. On a souvent parlé des liens historico-cinématographiques entre le western et le chanbara, notamment du côté de Kurosawa, mais alors là on est dans la manifestation la plus évidente de ce rapport intime. Des terrains déserts, un harmonica dans la bande sonore, des gros plans sur les visages, des gars barbus, des bastons... Il n'en faut pas plus.

Étonnamment j'ai trouvé l'humour aussi bourrin que la narration et les combats : autant pour ces derniers, je trouve que ça passe bien malgré l'abus de ralentis et le quasi-muet (ça tranche des gorges et des cages thoraciques à foison), autant pour le reste ça en diminue grandement l'intérêt. L'histoire est archi simple, centrée sur un relais postal tenu par une femme aveugle, et la rivalité entre deux samuraïs — au début au niveau de l'or, avant un glissement vers un combat de coqs pour la donzelle. À noter, de drôles de scènes de douche qui jouent sur la surprise du fait que la femme est aveugle et ne peut pas voir la nudité des hommes. Un travail au niveau du son vraiment remarquable, le bruit des sabrent qui se heurtent est en particulier très réussi, et quelques idées de mise en scène bien trouvées (les reflets dans les sabres sont très classieux).

Dommage quand même que le protagoniste ne soit pas plus charismatique (sans aller jusqu'à exiger un Mifune de "Yojimbo"), la caractérisation n'est pas vraiment poussée et on se lance déjà dans l'action, sans savoir vraiment ce qu'il cherche dans ce bazar. J'aurais bien vu davantage construite la figure du marginal badass et imprévisible. En l'état le récit à base de transport d'or est quand même très léger, un certain gâchis si on le juge à l'aune de la qualité des scènes de baston. Inégal, mais pas dénué d'intérêt.