Je crois que j'ai su dès la scène d'ouverture que ce film allait me plaire. Deux ados en plein préléminaire, couvert de sueur par cette journée de canicule newyorkaise. Aucune musique, un éclairage blanc et "naturel" comme celui d'un documentaire qui laisse entrevoir chaque défauts, chaque grain de peau, pores et goutte de sueur. D'entrée de jeu je sais à quoi m'attendre. Ca ne sera pas beau, pas mis en scène, ça sera brusque et réaliste. Alors qu'on s'attendrait à une lumière tamisée et une musique douce pour inaugurer la première fois d'une jeune fille de 13 ans (dont il est question dans la scène) on se retrouve projeter dans la réalité. C'est douloureux, c'est sale et transpirant.
Ce film se déguste, l'histoire en soit n'a pas grand intérêt, c'est un moment de vie capturé qui se déroule sur 24 heures. Prenez le temps d'apprécier l'esthétique et les prises de vue géniallissime de Larry Clark dans un New-York old school des années 90's. Je trouve la controverse fondée en ce qui concerne ce film, effectivement, il est pornographique. Mais voyez là une différence avec les films X, car ici l'image n'est pas édulcorée, falsifiée pour correspondre à des fantasmes irréalistes, en cela KIDS n'est pas obscène (contrairement à la la pornographie). Les images sont choques, crues, nues et sexuels à l'image de la vie de ces jeunes. Détrompez vous encore si vous pensez que les jeunes de 12-13 ans ne se comportent pas ainsi. Larry Clark ne projette pas une vision d'adulte sur des protagonistes enfants. Il ne fait pas du Gabriel Matznef où les enfants de 6 ans veulent engager un rapport sexuel avec un homme adulte. Ce film n'a absolument rien de pédophile, au contraire, les réactions, discussions et interractions ont tout d'enfantines et immatures. La façon même dont les personnages tentent d'entrer en contact les uns avec les autres fondent tout simplement les rapports sociaux d'adolescents. Par ailleurs, Larry représente simplement ce qu'il a vu, en s'infiltrant parmi les adolescents sur plusieurs semaines et avec qui il apprendra le skate à l'âge de 46 ans.
Et puis c'est du génie ... J'ai en tête la scène du métro "I HAVE NO LEGS" tournée en plan séquence, pareil pas de musique, pas de cut, on est juste plongée par la mélodie (ou cacophonie) de New-York, son métro, ses habitants leurs discussions et éclats de voix, (et la chanson accapela "I have no legs ! I have no legs !"). Encore une fois (je me répète) mais c'est cru et réaliste. Cette séquence choque quoi, pourvu qu'on ait un peu d'empathie. On se dit que ce monde est bien étonnant et malade. D'ailleurs, même les garçons (Telly + Casper) arrêtent leurs railleries et discussions stériles pour se taire, empreints au désarroi face au sort du SDF, à qui ils donnneront une pièce et un regard compatissant.
Parmi les scènes mémorables on peut aussi citer celles tout simplement HILARANTES du début avec la mise en perspective de la discussion des filles et des garçons enchainée de raccords rapides entre le groupe H et F.
Bref, c'est un film juste et c'est un film qui trouve sa beauté dans son naturel. C'est un film drôle et c'est un film triste. Drôle, parce qu'on est emmener à se reconnaître dans leur idioties et triste parce que ce sont justement des idioties sans finalité (qui auront, en outre, des conséquences tragiques pour les protagonistes).
Allez le voir !!!
C'est aussi le premier film de Rosario Dawnson et Chloé Sevigny, donc ça vaut le détour.