Après la guerre, à la suite de l'occupation américaine dans des bases situées au Japon, nombreux et nombreuses sont les enfants nés d'une relation (consentie ou non) entre des soldats et des japonaises, ce qui donna lieu à des métis le plus souvent montrés du doigt pour leur différence. Kiku et Isamu raconte ça, à savoir une fille et son grand-frère, nés d'un père de couleur noir qu'ils n'ont pas connu, et d'une mère disparue, qui sont élevés par leur grand-mère souffrante. Ils sont souvent jugés de manière méchante pour leur couleur de peau, métissée donc, et souffrent en plus de vivre dans un endroit qui fait plus penser à un bidonville.
Un jour, un photographe va passer dans leur village, et subjugué par ces enfants, envisage de les emmener vivre en Amérique.
Même si c'était évoqué dans la série Stray Cat Rock, Kiku et Isamu est l'un des premiers films qui parlent ouvertement de ces japonais différents, ostracisés pour leur couleur de peau, limite à être considérés comme des bâtards. L'histoire est à la fois belle et touchante, car c'est surtout emporté par l'actrice qui joue Kiku, une fille forte, qui assume ce qu'elle est, et par sa grand-mère incarnée par Tanie Kitabayashi, une vieille femme qui pressent tout le temps qu'elle va mourir, ce en quoi elle fait une espèce de chantage affectif pour que Kiku et son frère ne partent pas en Amérique,
Le film en tout cas n'est jamais dans le jugement, dans la critique ou la complainte mais au contraire est clairement du côté de Kiku et Isamu, tout en étant lucide sur leur vie à venir qui pourrait être compliquée, une manière implicite de parler d'un Japon qui a du mal à accepter l'ouverture, la tolérance ?
Au final, bien que ça soit un peu trop long, près de deux heures, Tadashi Imai réalise un joli film et sur un fait de société encore peu connu, ces enfants japonais nés d'un père américain , ce qu'ils sont, et ce qu'il pourraient devenir.