En 2024, on dirait que le genre action ne connaît plus aucune frontière sur grand écran. Monkey Man et City of Darkness, en effet s'étaient déjà fort bien illustrés. Aujourd'hui, c'est Kill qui tente de s'imposer au poing sur des terres désormais fort influencées et esthétisées par un certain John Wick, qui a monopolisé l'inconscient collectif.
Le film promettait le huis-clos tendu de Dernier Train pour Busan, marié à l'intensité paroxystique du premier The Raid. Dès lors, se retrouver dans les premières minutes de l'oeuvre en pleine romance dont l'Inde a parfois le secret aura de quoi décontenancer un tantinet.
Mais une fois ces nécessaire prémisses passés, Kill se lâche et justifie son patronyme une heure trente durant sans jamais faiblir. Tout en se jouant des pièges tendus par sas partis-pris.
Ainsi, l'exiguïté de ce décor unique aurait pu jouer contre le film et le faire rapidement s'essouffler, avec au bout de l'effort un sentiment de lassitude. Mais il n'en est rien. Car Kill joue avec un savoir faire certain avec chaque recoin de ce train et chaque opportunité offerte pour estourbir son prochain avec classe. La mise en scène, quant à elle, se défie de l'espace tandis que la lisibilité et le découpage de l'action ne sont jamais pris en défaut.
Si les ressorts du film de vengeance demeurent des plus classiques, Kill oppose cependant ses antagonistes sur l'idée de vendetta qui les anime, permettant ainsi de s'attarder sur certains membres de ce gang familial, de faire comprendre leurs connexions et de leur donner un peu plus d'épaisseur qu'à l'accoutumée. Et puis, il faut avouer que ce gang vit sous nos yeux grâce à un casting parfait qui réunit nombre de « gueules » hautes en couleurs.
Le héros, quant à lui, est montré comme un peu plus ambivalent que ses pairs occidentaux. Se contentant tout d'abord de mettre K.O. ses opposants, c'est le sentiment de perte qui guidera ensuite sa vengeance, Kill le montrant de plus en plus déchaîné et sauvage, voire en prenant du plaisir à la souffrance de ces manants avant de les envoyer ad patres.
On se surprend par instant à ressentir à l'écran une telle énergie négative autour d'un héros, qui n'hésitera pas à faire dévier Kill versune aura horrifique, transformant littéralement un wagon en véritable train fantôme pour montrer à ses opposants de quel bois il se chauffe.
Energique, bourrin, furibard : Kill est bel et bien l'actionner énervé et très généreux qu'il promettait, avec ce tout petit truc en plus qui questionne notre fascination portée aux héros de telles entreprises de démastication.
Un sommet à la saveur curry tout aussi dépaysant que cathartique.
Behind_the_Mask, hindi go go !