Je n’ai pour Quentin Tarantino aucune attirance, ni détestation particulière. Je n’ai jamais compris l’espèce de haine qu’il peut susciter parfois chez certains cinéphiles, pas plus que l’adoration tellement disproportionnée qu’il engendre encore plus souvent chez d’autres. Je me dis qu’avec le temps, les cinéphiles rendront à son cinéma une place plus raisonnable.


Cela fait peut-être 20 ans que je n’ai pas vu Kill Bill. J’avais le souvenir d’un patchwork flashy, plus ou moins drôle, d’une succession de scènes d’action, de musique lancinante, d’un ensemble bizarre, hétéroclite, manifestement subissant de multiples influences, un truc un peu bordélique et pas vraiment subtil, mais disons vaguement fantaisiste, voire rigolo.


Et 20 ans plus tard, c’est exactement le même sentiment qui revient. Identique à l’excès. Le ressenti n’est pas des plus enthousiastes, mais pas non plus celui qui produit un rejet.


J’ai trouvé le film long, alors qu’il ne fait même pas 2h. La faute à des plans léoniens, avec une musique à la “Ennio Morricone” qui ne fonctionnent pas aussi bien que les originaux. Le montage chez Leone est beaucoup plus subtil justement. C’est le terme qui revient souvent ici, par nécessité, par manque. Je vois bien la tentative de concilier western et film de sabre, mais cela ne fonctionne pas parfaitement. Je ne me suis jamais ennuyé devant un film de Sergio Leone. La structure de ses séquences est plus complexe, mais également plus cohérente chez l’italien.


Je crois que les changements de rythme, les ruptures incessantes ici ont fini par me fatiguer. La lecture devient alors pénible à force de lassitude.


Je reconnais par contre que Tarantino (ou son chef opérateur Robert Richardson) savent formidablement bien filmer les acteurs, captant très bien les couleurs, jouant de la lumière et des angles de vue pour donner une mise en scène aussi alerte que lisible, très contrastée.


Le côté excessif des gags, l’aspect nanaroïde (que je suppose revendiqué) ne me satisfait pas véritablement parce que trop utilisé ou en tout cas de façon jamais fine. Le trait est gras, lourd parfois. La parure musicale ne m’a pas semblé toujours pertinente non plus, me sortant trop souvent du récit.


Bien sûr qu’il est surtout question de divertissement, de film gag, grotesque (au noble sens du terme : dans la démesure et la caricature), mais outre que j’ai besoin de justification du propos (que je ne parviens pas à déceler, et pour cause, tout cela est gratuit, sans finalité particulière), je crois que l’humour noir gore, qui fait à peu près la structure du récit, qui fait donc tenir tout le film, ne me semble ni subversif, ni très percutant au final.


Le film fait figure de patchwork pop corn sans trop de saveur. Il se suit sans problème, mais je crois que je n’y reviendrai plus. Première et dernière revoyure en somme : la vie est courte.


Trombi

Alligator
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le 5 juil. 2016

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Alligator

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