Kill Bill 1 est le plus formaliste des films de Tarantino, donc le plus criticable de par son obsession à venir recréer les formes les plus avancées de la culture pop (ou non) - ici mangas et films de samouraïs - sans les justifier outre mesure par un scénario complexe (ici, la vengeance, rien que la vengeance) ou par une aspiration transcendantale comme dans "Inglorious Basterds". Pourtant, cette indéniable pureté formelle (c'est aussi, et de loin, le film le moins bavard de Tarantino, et c'en est même surprenant !) est aussi son passeport pour l'éternité : la succession harassante de scènes formellement parfaites provoque à la foi un sentiment de pure exaltation et de saturation sensorielle qui transforme la vision de "Kill Bill 1" en une expérience esthétique et émotionnelle extrême. Peut-être qu'au final, ce sera le meilleur film de Tarantino, le plus immortel. [Critique écrite en 2011]