Fin 2003, Quentin Tarantino nous propose un nouveau film qui fait, une nouvelle fois, beaucoup parler de lui. Cette fois-ci, il ressort des placards les films d'arts martiaux et les westerns pour les retravailler savamment à sa sauce. Le résultat n'en est pas moins un chef-d’œuvre du genre !
Pour la petite histoire :
Black Mamba (Uma Thurman) faisait autrefois partie d'un groupe d'assassins agissant sous la coupe d'un certain Bill (David Carradine). Très enceinte, elle décide de se marier à El Paso, au Texas. Mais son mariage est interrompu par les membres du Détachement International des Vipères Assassines. Laissée pour morte, elle est plongée dans le coma pendant 4 ans. A son réveil, elle décide de se venger de ses bourreaux. La liste des cinq étant établie, reste maintenant plus qu'à les éliminer un par un.
Vous l'aurez donc compris, "Kill Bill" est un film sur la vengeance. Ce volume 1 débute d'ailleurs par la célèbre citation la vengeance est un plat qui se mange froid. Le long-métrage de Tarantino respecte parfaitement bien cette devise tant le comportement de Black Mamba, personnage principal, est extrêmement calculé. C'est ainsi que la tension monte au fur et à mesure pour atteindre son apogée dans le combat contre O-Ren Ishii (Lucy Liu).
Une esthétique magnifique :
On ne peut pas parler de Kill Bill sans évoquer le visuel impressionnant du film. Les jeux de lumière, très stylisés, nous plongent directement dans la pensée des personnages, à l'instar d'un filtre vert qui se retire de l'écran en même temps que le ranger Earl McGraw (Michael Parks) retire ses lunettes de soleil. La direction des acteurs est dans la même lignée, c'est-à-dire qu'à chaque blessure et qu'à chaque coup porté, les protagonistes expriment leur souffrance. L'ensemble est donc très cohérent : Kill Bill est un film centré sur les personnages.
Par ailleurs, le film de Quentin Tarantino excelle aussi dans ses combats au sabre japonais, extrêmement bien exécutés. De la manière de tenir l'arme, jusqu'à l'aboutissement des chorégraphies, le spectacle qui nous est offert est un plaisir pour les yeux. Il n'en reste pas moins que le film est extrêmement violent. Est-ce un défaut ? Personnellement, je ne suis pas de ceux qui critiquent le cinéaste pour les effusions de sang qu'il montre à l'écran. Pourquoi ? Car c'est son style, à savoir esthétiser et donner du second degré à des genres cinématographiques oubliés. J'apprécie la démarche. Ici, elle est d'autant plus réussie que le réalisateur a même pris le pari fou d'inclure dans le film un mini animé de quelques minutes. Chapeau !
La cerise sur le gâteau :
Dans les mariages, le clou du spectacle est souvent la pièce-montée ... qui aura la plus belle et la plus goûteuse ? Je ne dis pas cela parce que Kill Bill part du postulat d'un mariage sanguinaire. Non. Mais à vrai dire s'il y a un mariage qui ne connaîtra pas de divorce, c'est le mélange film d'arts martiaux et western de Kill Bill. En effet, cette alliance des deux genres colle parfaitement bien à ce récit ... encore une fois, on est dans la cohérence absolue.
D'une part, le côté film d'arts martiaux renforce l'aspect vengeance du récit, c'est-à-dire que cela donne au film un côté ultra rythmé et sans temps mort : Black Mamba a le contrôle. D'autre part, le côté western permet d'offrir au film un aspect psychologique assez poussé : Black Mamba n'a pas le contrôle (notamment pendant le mariage où quand elle est dans le coma).
La musique, le troisième homme :
Les influences musicales sont également impeccables, devenant un personnage à part entière dans le film. On peut par exemple citer la scène où Elle Driver (Daryl Hannah) arrive à l'hôpital en fredonnant le célèbre Twisted Nerve ... l'aspect lunaire de cette chanson est en total disconvenance avec les réelles intentions du personnage, qui sont bien évidemment violentes. Cela permet ainsi de montrer tout le sang-froid du personnage. Encore une fois, que ce soit dans la façon de diriger les acteurs ou de choisir les thèmes musicaux, Tarantino est dans une cohérence extrême !
Enfin, en parlant musique, je ne peux pas ne pas évoquer version de la chanson "Bang Bang" de Nancy Sinatra tant les paroles siéent au long-métrage à 100% ...
Bang Bang, Bang Bang, He shot me down, Bang Bang, Bang Bang, I hit the ground, Bang Bang, Bang Bang, That awfull sound, Bang Bang, Bang Bang, My baby shot me down.
Bill a trahi Black Mamba, elle lui fera payer.
Le mot de la fin :
En conclusion, et encore je n'ai abordé qu'une infime partie du film, "Kill Bill : Volume 1" est pour moi un chef-d’œuvre. Tarantino dépoussière à sa manière les films d'arts martiaux et les westerns pour nous offrir un film d'une esthétique parfaite porté par un récit qui développe de manière poussée son thème principal (la vengeance). Le mélange est donc fun et décomplexé alors que le sujet est grave. Tarantino is the best !