Après la claque Pulp Fiction ; un Jackie Brown qui m'avait assez déçu quoique très bon avec le recul ; je ne m'étais malheureusement pas déplacé en milieu obscur pour découvrir le sanguinolent diptyque de l'ami Quentin...
Ouaip, Quentin Tarantino c'est un peu comme un vieux pote maintenant (explication de la moitié titre, la seconde sur la fin), not' tonton tout du moins ; un proche contemporain en tout cas, tant son cinéma se veut moderne, généreux, jouissif, et Jean passe. S'il pouvait fournir la binouze et le bédo à la séance, il le ferait. Mais revenons à nos bastons : une intro N&B à heurts de peau, "He shots me down, bang-bang !", une ch'tite prèz en cinq chapitres, et c'est parti !
Spoilers non-explicites
Chapitre 1 : Un pavillon en milieu chamarré, des bips et des flashbacks, une baston aux poêles, Black Mamba touche, et une gamine demeure mutique parce que c'était quand même ses céréales... Une putain de première situation !
Chapitre 2 : Retour à l'ex, la chapelle, la mariée était enceinte. Un hosto, 2snakes/2splitscreens, et Bill le démiurge se caresse le tranchant "à l'ancienne". L'envoi d'un moustique fait mouche, à 4 ans bébé ne pleure plus mais malgré elle maman a encore des touches. C'est violent et ça marche ! Enfin, façon de parler. Mais dans un baisodrome la vie reprend toujours ses doigts.
Chapitre 3 : La bascule d'Oren Ishii, et maintenant. Sublime, terrible, géniale. Le cinoche américain marie le manga japonais à la musique de western italien pour un jouissif ménage à trois. J'ai les poils qui se dressent, c'est beau, c'est violent, c'est cruel, c'est brillant, j'ai envie de pleurer. Les graines de la haine que l'on sème parfois sous un lit.
Chapitre 4 : En détente à Okinawa, Black Mamba se pose, et c'est saké cool. Hattori Hanzo n'aime pas beaucoup Bill, ils sabrent le champagne en son kill.
Chapitre 5 : Un bon conseil, ne froissez pas la métisse améthyste, ou elle vous sera fatale. Comme Sophie. La blonde se camoufle en terre nippone, optant pour la combinaison jaune. La bru se lie, s'infiltre, The 5.6.7.8's jouent aux 88. Des combats au millimètre, une boule sans gentil lit qui vous la coupe, mais la revanche d'une blonde part en noix de cajou : en gore et en gore, c'est rigolo mais un peu lourd, malgré de jolies ombres qui noisent.
"Allez-vous-en mais n'emportez pas vos membres, maintenant ils m'appartiennent !" ptdr.
Scène finale : Il neige la nuit sur le jardin japonais comme sur la délicatesse des mouvements d'Oren Ishii. Des rythmes andalous s'invitent à l'élégante corrida, et le rouge de la vengeance nappe le blanc virginal des larmes glacées du ciel. Mais c'est étrange, le souffle de ces dames ne s'y soumet pas... Excuses de femmes. De leur supériorité morale.
Belle et envoûtante, c'est devant cette dernière scène qu'a germé en moi l'idée de violence esthétique, de poésie du sang et de la mort.
"La vengeance est une forêt, on peut facilement s'y perdre."
En résumé, Kill Bill : volume 1 c'est le cinéma total, le cinéma du plaisir avant tout ; du rythme, du très bon son, du sang, des armes ; mais c'est aussi un melting-pot culturel (m'voilà pour en finir avec le titre^^) ; la confirmation du talent d'Uma Thurman et la révélation de Lucy Liu ; un nouveau départ pour Quentin Tarantino, plus gore mais toujours aussi éloquent...