Killers par Gilles Da Costa
La photographie, le sound-design et le montage de Killers sont en tous points remarquables. Dans une scène d'introduction glaçante et bluffante de maîtrise, les réalisateurs indonésiens Kimo Stamboel et Timo Tjahjanto (alias les Mo Brothers), démontrent ainsi tout leur savoir-faire technique et fixent la barre très haut pour le reste du métrage.
Peut-être trop haut, car Killers ne ré-atteindra que très rarement ce pic d'intensité, malgré quelques beaux morceaux de bravoure jalonnant le film. La faute à un scénario inutilement alambiqué, parsemé de circonvolutions narratives superflues et incapable de créer une réelle empathie pour ses personnages.
Et c'est certainement là le plus gros défaut du film. En effet, malgré une idée de base des plus séduisantes, qui aurait pu servir de prétexte à une plongée en apnée dans la psyché d'un duo de psychopathes, Killers n'investit pas assez de temps dans la construction de ses personnages et ne parvient jamais à engager affectivement le spectateur dans son histoire. Le film se borne donc à enchaîner les scènes chocs et assomme les sens par une surenchère exponentielle de violence, cachant maladroitement la vacuité de l'ensemble.
Et ce n'est certainement pas l'accumulation de sous-intrigues ineptes habitées par des personnages schématiques qui sauve Killers. Bien au contraire, ces arcs scénaristiques ne font qu'alourdir inutilement l'ensemble et ne sont jamais assez développés pour réellement impliquer le spectateur.
Killers aurait vraiment gagné à être beaucoup plus court et à se focaliser davantage sur la relation perverse intéressante qu’entretiennent ses deux principaux protagonistes. En l'état, on parvient à distinguer un bon film, mais il semble noyé dans une masse informe de menus détails dénués d’intérêt. Plus fâcheux encore, alors qu'une bonne partie du film semble s'étirer en longueur et s’appesantir sur du vide, sa conclusion est si rapidement emballée, si improbable, qu'elle laisse un désagréable gout de "tout ça pour ça" en bouche.
On reste alors circonspect devant cette montagne ayant accouché d'une souris, frustré de voir un tel talent de mise en scène gâché par un script bancal, à la fois inutilement foisonnant et excessivement simpliste. Une belle déception.