Kimi
6.1
Kimi

Film de Steven Soderbergh (2022)

Last night an A.I saved my life...

Sacré farceur ce Soderbergh, toujours là à nous montrer la mauvaise marche à suivre sous des atours, si pas séduisants, recevables.


Nous entrons dans l'univers d'Angela, une agoraphobe, durant ce qui semble être la suite de la crise covid et qui n'aurait pas de fin dans ce futur proche. Notre héroïne est un être extrêmement sensible, sorte de colombe blessée aux cheveux bleus et vaguement à la croisée des genres. Son agoraphobie est totale et elle s'interdit toute sortie malgré quelques tentatives, équipée de son imper, sa sacoche et son masque facial pour finir en larme et tremblotante assise au sol contre sa porte restée fermée. Un univers torturé qui se résume à un appartement de haut standing, la vue de l'immeuble en-face où elle surveille les activités de son sex-friend et de ses voisins, du télé-travail abrutissant, des SMS's et l'assistance de l'I.A de pointe, le très à la mode: "Kimi" en pleine émancipation de la commande vocale.


Elle est professionnellement témoin audio d'une sombre affaire de meurtre qu'elle tente sans succès de faire remonter à sa hiérarchie et fini par, quand-même, sortir pour informer le FBI via son employeur. Pour passer les détails, ça vire au thriller et elle a des tueurs aux fesses avec divers rebondissements jusqu'à massacrer ses trois agresseurs chez elle avec l'aide d'un autre voisin d'en face qui semble être un brave gars qu'on pouvait percevoir depuis le début comme étant plutôt un psychopathe.


Pour finir, Angela sort enfin pour manger un tacos avec son sex-friend-d'en-face, la voilà guérie ! En arrivant au food-truck elle saute sur le distributeur de gel et agite les mains comme pour un applaudissement muet, geste qu'on l'a déjà vu faire en situation de stress. C'est un de ces nouveaux gestes covidistes avec lequel Steven a pour mission de nous familiariser.
L'agoraphobie est aussi bien au goût du jour, avoir peur, se méfier de tous et toutes, Angela est le prototype de celle qui a troqué les rapports humains contre l'univers virtuel, elle est introvertie, asociale, idéale pour le télé-travail. Elle a tissé un lien étroit avec son I.A qui est finalement le héros du film, qui rend possible la victoire d'Angela à coups de commandes vocales.


Étonnamment, le sex-friend n'a aucune autre implication dans l'intrigue qu’être le sex-friend et le pauvre gars qui fini poignardé pour la sauver n'est plus référencé. La normale aurait voulu que le personnage le plus familier, l'amant, qui avait des raisons de se trouver dans l'immeuble, incarne le malchanceux sauveur mais non, on ne verra plus sa frimousse. Il est juste là pour nous signifier que les apparences peuvent être trompeuses et que le sex-friend se suffit à lui même sans jouer les héros.


Ce film m’apparaît tel un gros morceau de propagande Schwabienne et nous présente une protagoniste à l'image de ce qui est attendu des jeunes adultes contemporains et futurs: la culture dite "woke", la fusion psychologique avec l'I.A, la transparence de ses données privées, la méfiance et la peur qui remplacent la curiosité vis-à-vis de ce qu'on ne connaît pas.
Un scénario très très ordinaire remis pour la ixième fois à la page, cette fois, celle de l'ère covid, du "restez chez vous" et de la technologie qui est supposé compenser les pertes du réel...

tobor
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le 21 févr. 2022

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tobor

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