Parmi les réalisateurs dont je me suis promis de visionner l'intégralité de leur filmographie pour prochainement, Peter Jackson est sans aucun doute un réalisateur à part auquel on peut aussi bien donné le titre d'auteur que celui d'adaptateur sur grand écran, surtout pour l'ultra-franchise sur la terre du milieu que l'on ne présente plus.
De son film fait maison Bad Taste (auquel j'ai pas accroché,que je compte revoir) à la clôture de la trilogie du Hobbit, en passant par une adaptation d'un drame en Nouvelle-Zélande et une comédie de fantôme avec Marty McFly dans le rôle titre, le cinéaste néo-zélandais aura eu le mérite d'imposer sa patte et ses thématiques ainsi que sa recette fétiche dans l'ensemble de ses films : une exagération poussée jusqu'à l'extrême dans le traitement de son sujet à l'image du climax bien sanglant et délirant de Braindead, une passion pour les monstres et les marginaux, et bien sur un sens incroyable du spectacle qui n'est plus à prouver et ferait pâlir J.J Abrams avec ses Star Trek.
Au moment ou j'écris cette critique, il me reste à voir Lonely Bones pour en finir avec sa filmographie, mais cela ne m'empêchera pas de parler de mon second film préféré qui est également un rêve de gosse que Jackson a mit sur grand écran, ce qui justifie pourquoi je m'attaque à celui-ci : King Kong, le remake d'un film de monstre des années 30 (que je n'ai pas vu, donc c'est tricher de parler de son remake sans avoir vu l'original mais, rien ne me l'interdit).
La première chose que l'on sait tous, c'est que Peter Jackson est un putain de bon metteur en scène quand il s'agit de filmer une action. Et dieu sait que ce film regorge de moment allant du spectaculaire poussée jusqu'au bout au cauchemardesque et à l'effrayant, je ne sais même pas quelle exemple prendre en premier pour le démontrer :
la charge des diplodocus et l'assaut des Raptor dans la crevasse dont je retiendrais surtout le magnifique Kick du capitaine Englehorn dans la tronche d'un Raptor pendant la fuite jusqu'à la chute des diplodocus au borde la falaise ou Jackson s'amuse à filmer Jaimie Bell puis les dinosaures en contre-plongée pendant que tout s'effondre.
Et encore, c'est pas tout,
la scène de la crevasse ou Carl, Jack, Jimmy et Lumpy se retrouve prit au piège face aux insectes est absolument affolante. Surtout avec le personnage d'Andy Serkis qui se fait bouffer petit à petit par je ne sais même pas quelle saloperie.
Mais le best du best, c'est tout simplement
la bataille entre King Kong et 3 PUTAIN DE T-REX... AVEC ANN QUI SE RETROUVE MÊLÉE DANS LA BATAILLE (ce plan de malade avec Ann entre Kong et le T-Rex mon dieu) !
Et alors là, il se fait plaisir à filmer le combat sous tout les angles et cadres possible, King Kong balançant Ann entre ses pattes et ses mains pour la garder à distance des dinosaure, les images s'enchaînant frénétiquement avec un sens du montage très maîtrisé et de la démesure absolument jouissif.
Je ne compte plus le nombre de fois ou j'ai sursauté d'excitation tant l'affrontement et l'exagération allait loin. Trop loin diront certains mais c'est trop immersif pour que je n'aime pas, et c'est justement ce que j'aime dans la plupart de ses films.
Les effets spéciaux sont d'ailleurs toujours d'aussi bonne qualité, Jackson a reprit l'équipe de la trilogie du Seigneur des anneaux avec la compagnie qui a travaillé sur la trilogie, dont Richard Taylor. Si quelques textures et plans sur King Kong ont prit un peu de ride, l'effet numérisé sur le jeu de Andy Serkis jouant King Kong est toujours aussi bluffante à l'oeil. Lorsqu'on voit King Kong de près, on y croit à cette montagne de muscle poilu. Les dinosaures ainsi que les autres créatures de l'île de Skull Island sont d'ailleurs tout aussi bien foutu. De même pour les décors lorsqu'on est sur Skull Island, plusieurs plateaux gigantesque ont été utilisé pour les décors mais à aucun moment on n'a l'impression de voir des environnements synthétisé à refait à l'ordinateur. Seul les façades supérieur des immeubles de New-York de l'époque ont eu le droit à de l'image de synthèse mais comme la majeur partie du film se déroule à Skull Island, ça n'est pas un problème et en général j'y ais pas vu beaucoup de faux.
Par contre, pour ce qui est du casting, là il y a des fausse notes à relever : si les acteurs sont excellent, seul Ann Darow fait un personnage pleinement convaincante. Naomi Watts ne se limite d'ailleurs pas à jouer une dame en détresse, elle a ses nombreux moments de frayeurs comme tout individu mais ne se limite pas pour autant à gueuler hystériquement. Lorsqu'elle doit survivre seule face à King Kong, elle use de ses talents d'actrice et d'artiste. Sa relation avec King Kong étant d'ailleurs un des éléments les mieux foutus et pourtant, c'était pas gagné d'avance. Mais pourtant, Jackson réussit à rendre leur relation touchante
en ne laissant que l'image parler pour eux lors des moments de complicité qu'ils partagent, les deux plus beaux moment étant celui au coucher de soleil ou Ann tente d'apprendre le mot merveilleux à Kong par un seul geste, et celui qui y fait écho en haut de l'empire state building à New-York,
même en sachant ce qu'il adviendra de Kong on n'a pas envie qu'il y reste et Jackson l'a rendu aussi attachant que Ann.
Je peux malheureusement pas en dire autant des autres personnages : Adien Brody et Jack Black sont excellent et leurs personnages sont pas inintéressant, mais à aucun moment je n'arrive à avoir plus d'intérêt pour eux que pour de simple personnage secondaire assez pauvre en personnalité. Jaimie Bell aussi s'en sort bien mais son personnage n'est pas transcendant ou mémorable pour autant, Andy Serkis était énorme en King Kong tant on sent qu'il s'investi en jouant ce primate mais en tant que membre d'équipage, je me souviendrais surtout de l'acteur, pas de son personnage. De même pour le reste. A vrai dire ce film a le même défaut que Braindead : Jackson n'arrive (ou ne tente) pas de donner suffisamment de profondeur pour qu'on s'y attache. L'équipage n'est au final pas désagréable à suivre, mais le principal intérêt réside surtout dans le personnage de Kong et de Ann Darow.
James Newton Howard était à l'orchestre pour ce remake et remplaçait Howard Shore qui avait un petit caméo bien sympa d'ailleurs. Sa musique a dû être entièrement réécrite en deux mois, et heureusement le résultat est là. La musique accompagne très bien l'action et l'émotion, même si ce n'est pas sa plus inspirée parmi tous.
Quant à l'histoire, elle est divisée en trois parties, et à vrai dire la première heure n'est pas la meilleure : vous l'avez surement remarqué, ce film est divisé en trois parties mais clairement inégal entre elle, surtout pour la première heure qui est une série d'exposition et de background pour l'intrigue principal qui viendra ensuite. Et si le charisme des comédiens m'aide à apprécier cette partie, je m'attache pas assez à l'équipage pour m'en souvenir ou pour vraiment être attristé de ce qui adviendra de certains. Certes, la mise en image absolument énorme de Jackson et la qualité des effets spéciaux des créatures rendent les morts particulièrement brutal et tétanisants mais ce sont surtout les scènes que l'on retient, pas les personnages.
Sans oublier qu'une ou deux incohérences sont relevable sur la seconde partie à Skull Island :
comment ont-ils pu transporter King Kong jusqu'à New-York avec un bateau aussi petit et un effectif aussi réduit ? Et surtout, comment Bruce Baxter a pu aller au bateau et revenir aussi vite avec des renforts pour aider Jack, Carl et Jimmy dans la crevasse alors qu'il s'était barré avant que le groupe ne traverse des marais, et ce sans compter qu'il n'a pas été attaqué pendant son aller-retour ?
Autant dire qu'en y repensant, ce genre de bourde ne passe clairement pas inaperçu, et même si j'adore l'action, il faut admettre qu'il y a bien quelques un ou deux passages pas ultra crédible, même pour de la surenchère.
Mais à vrai dire, je laisse passer car l'essentiel du film n'est pas d'avoir un scénario compliqué ou d'une profondeur sans précédent comme dans un Barton Fink ou un film de Christopher Nolan : mais d'être un film de monstre ou le but de Jackson est de rendre hommage à King Kong. Chose qu'il a fait en lui donnant une vraie majesté et à travers sa relation avec Ann Darow, on aimerait même les voir partager davantage de moment ensemble. Son sort aura même réussi à me bouleverser et c'est pas rien quand on sait quelle réputation a le film original (je le verrais un jour, promis juré).
King Kong n'est donc pas un chef d'oeuvre, ça ne fait pas de doute, mais Peter Jackson ne propose pas d'en faire un : il nous propose ce qu'il sait faire de mieux dans beaucoup de ses films, un divertissement à grand spectacle ou il se fait plaisir et ou il assume entièrement le jusqu'en boutisme dans la surenchère des scènes d'actions, comme pour le traitement de plusieurs de ses films, et dans la catégorie des films à divertissement spectaculaire qui arrive même à proposer davantage, je cite sans mal celui-ci comme un de mes préférés.
Finalement, que ça soit pour une amitié maladive entre deux filles s'enfermant dans un monde imaginaire devenant malsain dans Créatures Célestes, un film de zombie déjanté avec Braindead, ses trilogies d'Héroic Fantasy avec Le seigneur des anneaux ou Le Hobbit, Jackson fait parti des réalisateurs qui ont contribué à faire évoluer le cinéma à Hollywood, comme Steven Spielberg, Martin Scorsese ou George Lucas avec sa saga Star Wars.
Et je vous encourage, si ce n'est pas encore fait, à découvrir l'intégralité de sa filmographie, parce que ce bon vieux Peter, ce n'est pas qu'un film de macaque géant et deux trilogies d'héroïc-fantasy.