Noël, le cinéma italien n'est pas mort ! En 2011, il est bien là, et même qu'il continue à produire des nanars qui pique les yeux de ses victimes, aveuglées par des jaquettes qui leur promettent malicieusement l'adaptation blockbuster de Spartacus. Et ouais, "Kingdom of Gladiators" est recommandé par l'union nationale des ophtalmos qui veulent faire encore plus de maille.
Quel scénario se cache donc derrière ce musculeux jeune homme. Simple : un roi (nanar) est bien en peine de maintenir l'unité de son royaume. Il scelle alors un pacte avec un représentant (nanar) des forces des Ténèbres qui lui donne une putain d'épée (nanarde) capable de lui assurer victoire sur victoire. Mais en contre-partie de cette puissance politique retrouvée, il doit sacrifier au Mal ses descendants. Quelques années plus tard, à l'occasion de festivités composées de combats de (à peu près) gladiateurs (très nanars), sa fille (pétassement nanarde) réapparait et fait dérailler le script qui s'affole et qui tente de se raccrocher à une vieille prophétie, tandis que deux gladiateurs (nanars) accompagnés d'une gladiatrice (aux gros nichons) partent en quête de l'épée de puissance afin de péter Gwarmorth, le titan maléfique (vaguement nanar, mais on ne le voit pas très bien) qui sommeille dans son coin. Mais seul un démon peut tuer un démon, comme le savent les ninjas démoniaques.
La seule véritable star du film est Suzi Lorraine, connue pour ses participations dans des softcores lesbiens (Lord of the G-String, Spiderbabe, etc.). Elle incarne ici la vraie fausse fille du roi, Luna, dont le rôle exact est un peu confus.
Le réalisateur, Stefano Milla, semble vouer une passion aux gladiateurs et leur consacre donc ses quelques films. Qu'il n'ait pas de budget conséquent lui importe peu, il suffit de secouer sa caméra pour avoir de l'action à l'écran. Ajoutez à cela quelques manips sur son ordinateur familial pour obtenir des effets spéciaux moches (la Mort bénéficie du traditionnel filtre Cinématique Playstation) et d'un excès de gimmicks de réalisation dont des transitions inédites à base de scrolling horizontale de figurants ridicules (ça doit être pour ça que c'était resté inédit). Manque de bol, les paysages sont plutôt jolis et Milla doit donc faire appel à un directeur de photo incompétent afin d'obtenir un rendu plus crade.
Mais un bon film de gladiateurs ne peut se faire sans des comédiens chevronnés. Heureusement que notre homme a ses réseaux dans le milieu du catch, ça permet d'avoir des gros bras au regard bovin pour pas trop cher. Pas grave si y'en a un qui a un tatouage Revolver sur le cou, l'anachronisme n'est qu'une vue de l'esprit. En plus, ça permet de les faire s'affronter dans un ring invisible sur fond de hard-rock 90's. Remarquez, leur médiocrité artistique ne dénote pas au milieu des autres acteurs qui se sont tous passés le mot pour cabotiner à qui mieux mieux, et ce dans tous les domaines émotionnels possibles (de la perfidie au désespoir, faites votre choix sans risque, tout est aussi mauvais). Le doublage français a bien entendu sa part de responsabilité, même si pour une fois, elle demeure à la marge. Faut dire que le matériel de base se suffit à lui-même.
"Kingdom of Gladiators" œuvre donc dans le nanar consternant de médiocrité, dont l'apparente volonté de bien faire du réalisateur ne peut que renforcer l'aspect complètement décalé du résultat final (sans parler de son année de production : 2011 quoi !). Dommage que le film tombe un peu trop dans le remplissage de molles bastons de glad' en fin de parcours, parce sinon, c'est du tout bon.