Pour ne pas oublier qu’il existe un pays avec 125 millions d’opposants à Bush

Splendide. Voilà un film qui fait honneur au cinéma français, et au cinéma documentaire. Un film que devraient voir tous les anti-américanistes primaires, n’ayant que le mot « Bush » à la bouche, en évitant ainsi toute autocritique.

« Nous ne sommes pas ce que nous prétendons être » : Tout est dans l’affiche, et dans les cinq premières minutes du film. On y voit effectivement un texan débiter, dans une laverie, un condensé de tout ce qui nous fait détester l’Amérique : oui, heureusement que l’Amérique est là, oui, nous sommes la police du monde. Vous les européens, vous êtes bons pour critiquer, mais pour aller libérer l’Irak, y’a plus personne ! On se dit qu’il va être difficile de supporter ça pendant deux heures. Mais miracle, on n’est pas Michael Moore, c’est-à-dire pas dans la comédie, le plan coupé court, la chute façon sitcom. Non, ici on est chez Rivette, le plan séquence. Et le type continue à parler, pendant cinq minutes. Et ce qui est terrible, quand on laisse les gens s’expliquer, c’est qu’ils ont tout à coup un discours plus construit… Et si à la fin on n’est pas d’accord avec lui, il a exposé, un point de vue, qui, ma foi, se tient.

On n’est pas au bout de nos surprises : plan suivant, l’autoroute baigné de chaleur, de la Californie. A la radio, les news. Ca parle de quoi, les news ? De la mort de jacques Derrida. Et le speaker d’expliquer l’importance de Derrida, philosophe français, qui a si bien pensé les USA…Le film est lancé, et va alterner le chaud et le froid, « Amérique, terre de contrastes ! » Le film navigue ainsi, à l’occasion de la campagne Bush-kerry, dans l’Utah, le Nevada, la Californie. Paysages splendides, et rencontres : des mormons sexistes, un danseur, des intellos de gauche, des cowboys, des indiens…
Ou cet aumônier, vétéran des droits civiques, qui conclura de façon terrible : « J’aurais quand même voulu dire quelque chose de positif. Ce pays est grand. C’est très grand ! C’est très beau. C’est … dommage. »

Pour ne pas oublier qu’il existe un pays avec 125 millions d’opposants à Bush, et qui s’appelle les Etats-Unis. Le pays de The West Wing, The Wire, de Syriana à La Ligne Rouge, de Soderbergh et Clooney, Susan Sarandon et Tim Robbins, et Sean Penn.
ludovico
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le 8 nov. 2012

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