"- Do you like spy movies ?"
"- Nowadays, they're all a little serious for my taste. But the old ones... marvelous."
Outre le film lui-même, voilà qui résume parfaitement mon sentiment à l’égard des derniers James Bond... et des premiers.
Prenez une bonne dose de 007 (the old way), ajoutez-y quelques gouttes 60’s de Harry Palmer (Harry Hart alias Galahad alias Colin Firth a le look du Michael Caine de l’époque dans ce personnage tout droit issu des 60’s, le même Michael Caine interprétant Arthur, le chef du service secret dont il est ici question), une once de Chapeau Melon et Bottes de Cuir (un indéniable petit côté John Steed, sans compter quelques délices so british), une petite rasade de X-Men et de films d’action actuels (un peu de Tarantino dans ce qu’il a de meilleur, aussi, peut-être ?), secouez-bien le tout et vous obtenez... Le véritable nouveau James Bond tel que vous n’auriez jamais osé l’imaginer, tel que vous ne l’espériez plus ! En mieux, même. Le talentueux Anglais Matthew Vaughn balaye d’un coup d’un seul, d’un revers de la main et d’un coup de parapluie, la période Daniel Craig du "reboot" bondien et prouve qu’on peut encore faire un film dans un véritable esprit bondien sans passer pour un complet has-been.
Tout fonctionne tellement bien que c’en est presque trop. Les temps morts sont bien gérés ; les scènes d’action sont enlevées, pleines d’adrénaline, et très amusantes (à l’esthétique un peu trop "jeu vidéo" peut-être, mais bon, faut bien coller un peu à l’époque, et puis c’est tellement bon qu’on ne saurait lui reprocher cet effet de style à moitié moqueur...) ; les personnages sont bien dessinés, à commencer par celui de l’impeccable et très britannique Colin Firth ; le méchant (Samuel L. Jackson) est à la hauteur d’une idée de base - digne des meilleures mégalomanies bondiennes - en phase avec une critique de la société interconnectée actuelle, qui n’a pas aboli les différences de classe, loin s’en faut ; l’humour fait mouche et l’aspect légèrement parodique ne prend jamais le pas sur la construction de l’intrigue ; les rebondissements sont toujours bien menés et bienvenus ; le tout est à la limite de l’immoralité. Même avec du déjà-vu, Matthew Vaughn parvient à faire surgir des idées neuves, comme si on se laissait surprendre pour la première fois par un truc attendu. Faut peut-être avoir gardé un esprit ado pour apprécier totalement la chose, mais c’est très réjouissant, voire jouissif. Dans le genre, ça frise la perfection. Un vrai régal !