La dernière décennie a vu quelques cinéastes israéliens s'attaquer à leur expérience de l'armée et de la guerre. Bien avant Samuel Maoz (lLon d'Or à Venise avec Lebanon) et Ari Folman (Valse avec Bachir, Golden Globe et César du meilleur film étranger), Amos Gitaï y était aller de son oeuvre en 2000.
Possédant également une solide réputation, Gitaï évoque ses souvenirs au sein d'une unité de secours par hélicoptère pendant la guerre de Kippour. L'oeuvre oscille très souvent entre une approche documentaire très réaliste ou une mise en scène nettement plus contemplative proposant surtout les missions difficiles de ces soldats ainsi que leur doute et la peur d'être le prochain à y passer. L'intérêt pour Gitaï n'est pas de voir le conflit lui-même, lors des interventions, la caméra est souvent placée assez loin des protagonistes. L'envie n'est de montrer aux spectateurs des membres déchiquetés à tout bout de champ, il y a beaucoup de retenue à ce niveau même si certaines interventions sont montrées de plus près, au coeur de l'action et des bombardements. L'intérêt réside surtout dans l'impact psychologique éprouvés par les soldats, fragilisés de sorties en sorties, d'interventions en interventions. La joie du jeune Russo de partir à la guerre va vite se transformer en crainte de mourir, avant de s'en sortir vivant sans trop de casses et d'y ressentir une certaine joie.
Je l'ai dit plus haut, la mise en scène oscille entre le style documentaire et contemplatif, presque poétique. Si l'idée est bonne à la base (offrant parfois de beaux moments d'introspection des soldats lorsque la caméra, fixe, scrute longuement leur visage), on sent tout de même le cinéaste assez hésitant par moments. Il ne sait trop parfois laquelle choisir et j'ai ressenti un manque de savoir-faire, ne sachant pas quelle piste privilégier. Ca procure parfois des situations ennuyantes ou trop longues. De même, puisque je surfe sur la vague des petits défauts, aussi jolies soient l'introduction et la conclusion, je les trouve assez hors-sujet. Ou tout du moins, je n'en comprends pas la portée symbolique. Il y a ce soldat qui quitte la femme qu'il aime après lui avoir fait l'amour et qui revient en lui faisant l'amour, leur corps dessinant en même temps sur le lit de la peinture de différentes couleurs. Quid de la signification.
Pour le reste, Amos Gitaï offre un film de guerre psychologique intéressant, possédant de nombreux atouts en dépit d'une mise en scène parfois bancale. Toujours est-il que la guerre, ça n'a rien de beau pour le soldat sous le feu.