Un jour...

Un jour, si tout va bien, j'aurais le plaisir de revoir sur scène cet OVNI, ce petit délice qu'a été pour moi Kiss and Cry. Ce jour-là, j'emmènerai mon cher et tendre le voir, lui qui refuse de voir Mr.Nobody et Le Tout Nouveau Testament, et de comprendre mon adoration pour VanDormael.
Apres avoir vu Kiss and Cry, je pourrais me jeter dans une fourmilière en feu pour un peu qu'elle soit estampillée VanDormael. Bon, je vais de ce pas retirer ma langue des bottes (ou d'ailleurs) de ce monsieur pour vous parler de ce spectacle.

C'est tout d'abord une scénographie unique, que dis-je une scénographie, un nouveau mode de spectacle, qui fait qu'on ne sait pas si l'on a vu un spectacle de théâtre, de danse, un conte, une performance cinemato-danso-theatro-maquetto-musico-poético-multigraphique.
Pour faire simple : il y a sur scène tout une variété de maquettes, avec de tout petits personnages, un petit train, tout un tas de décors miniatures, un aquarium, etc... et de grands écrans au dessus et sur les côtés. Et on voit sur les écrans ces maquettes prendre vie au fil de l'histoire, parfois animées par des mains. Et ces mains se mettent à danser. Ceux qui auront vu Le Tout Nouveau Testament sauront de quoi je parle. Ces mains dansent, et si la danse a déjà fait une fois au moins vibrer chez vous une fibre d'émotion, ces mains qui dansent, jouent, se courent après, se frôlent, se battent, s'aiment, se quittent et se rejoignent encore, elles vous feront trembler.

Et puis tous ces petits personnages de plastiques, ces décors miniatures filmés en gros plan, qu'on voit sur les écrans semblent tout droit sorties d'un souvenir d'enfance, d'une rêverie pleine de déjà-vu, c'est comme retomber sur un vieux joujou au fond d'un carton à la cave et le garder dans sa poche par nostalgie, en retrouvant d'un coup tous les moments de joie. Mon âme de "presque adulte" est sortie de là comme rincée de toutes les réalités crasseuses du quotidien, j'avais 4 ans et je souriais comme une dinde.

Mais ça pourrait être ça, juste une jolie histoire en voix off un peu mélancolique où l'on filme des maquettes et des chorégraphies de main pour meubler, avec de jolies musiques (oh oui mon dieu j'allais l'oublier, la musique est fabuleuse. Si je ne m'abuse, Cançao de Carlos Paredes est celle qui revient le plus et qui vous dresse les poils sur tout le corps). En effet ça pourrait faire un joli court ou moyen-métrage. Mais on est sur scène ! Et c'est doublement fascinant de se laisser emmener par la voix, les sons et les images, en ayant sous les yeux la fabrication directe de ces images, d'observer ces personnes (aucune idée de si je dois les appeler techniciens, comédiens, ou "danseurs manuels") manipuler les maquettes, activer les mécanismes, tout filmer en parallèle, ce ballet pseudo-invisible qui démystifie les images tout en ancrant cet instant de poésie extrême bien au sol.

Que dire. Parler de Kiss & Cry me rend lyrique, et 4 ans plus tard cela reste probablement la meilleure expérience que j'ai vécue dans une salle de spectacle. D'ailleurs je vais finir cette critique en allant de ce pas chercher quand pourrait être ce fameux jour ou je revivrais tout ça.