Ça fait des années que je me demandais pourquoi Cali (oui, j'écoute encore Cali en 2018), dans Il y a une question, demande "et où vont les canards quand il fait trop froid ?". Je suis ravie que ce livre m'ait apporté cette information. A priori tout le monde s'en fout mais faut bien placer une petite anecdote musicale par-ci par-là et j'écoute pas Indochine.
Sinon, pour revenir au sujet quand même et enfoncer des portes ouvertes, L'Attrape-coeurs dans l'ensemble c'est vraiment un bon bouquin.
C'est facile à lire, ça peut être apprécié à n'importe quel âge, qu'on sorte à peine de l'adolescence ou qu'on ait envie d'y replonger, c'est beau et en même temps c'est un peu moche, ça fait réfléchir mais pas trop fort non plus. C'est du bon boulot.
Dans l'ensemble c'est l'histoire d'un ado carrément paumé qui vagabonde dans New York pour retarder le moment de rentrer chez lui parce qu'il s'est encore fait virer de son école. Il passe son temps à fumer, essayer de boire des verres avec plus ou moins de succès vu qu'il est mineur et rencontrer plus ou moins volontairement des gens plus ou moins intéressants. Je passe très brièvement sur les péripéties parce que c'est pas ce qu'il fait qui est vraiment intéressant, c'est plutôt quand il raconte ses anecdotes ou quand il fait des digressions pour râler. Il râle à propos de toutes ces choses qu'il déteste ou qui l'énervent, ou encore mieux, pour râler à propos des choses qu'il aime, qui l'émeuvent et ça l'énerve.
En fait, Holden (l'ado en question), il râle beaucoup et c'est surtout contre lui-même. Au début c'est vrai qu'il est un peu agaçant, on a envie de le secouer comme on peut avoir souvent envie de secouer la moitié des ados de 16 ans qu'on croise. Et puis on se retrouve bizarrement englué dans son malheur avec lui et on est tout aussi perdu et on a pas plus de bonnes idées ou de solutions que lui. J'ai même eu envie de lui faire un câlin à certains moments mais je suis pas sûre que ça lui aurait plu.
De toutes façons cherchez pas c'est le genre de bouquin qu'il faut avoir lu, si ce n'est pas pour le personnage ça sera pour le style : c'est pas tous les jours qu'on voit des "bicause" toutes les trois lignes dans un roman de 1951 et ça c'est plutôt sympa. Ça donne même très envie de le lire en anglais parce que ça doit pas être trop trop compliqué et que j'aimerais bien savoir quels étaient les expression d'argot de la VO.
Par contre j'ai pas mis plus que 7, j'aurais pu. Mais j'ai eu pas mal de difficultés avec quelques passages qui m'ont mis très mal à l'aise, j'ai peut-être trop lu entre les lignes mais notre ami Holden m'a semblé super malsain par moments et bien que ça n'enlève rien à la qualité du livre, ça m'a pas plu.
Idem pour la fin qui est probablement savamment dosée mais qui m'a parue un peu expéditive. Je l'ai fini ce matin, j'ai pas encore décidé si cette fin m'avait agacée parce que je m'étais attachée et que j'aurais voulu que ça dure plus longtemps ou parce que j'attendais quelque chose de plus explicitement dramatique.
Enfin bon, comme je disais, c'est malgré tout pas dégueu du tout. Lisez-le donc.
[EDIT : finalement j'ai mis 8 parce que c'était vraiment pas dégueu]