Je suis tombé sur ce livre grâce à une chanson du groupe Indochine « Des fleurs pour Salinger ». Après une trentaine de pages il y a de ça deux ans, j'avais abandonné. Je trouvais le style (langage parlé) assez original mais franchement lourd au bout de quelques pages. Trop de répétions, peu de vocabulaire. Je n'avais pas réussi à accrocher.
En ce début d'année, le voyant sous une épaisse couche de poussière sur ma bibliothèque, il m'a fait de la peine. Je lui ai donc donné une deuxième chance. Et j'ai bien fait. Cette fois le style ne m'a pas du tout gêné, il permet de bien rentrer dans l'histoire, on a l'impression d'être pote avec le jeune et qu'il nous raconte son histoire autour d'un scotch-coca. De plus, il y a tellement de phrases croustillantes qu'on rit souvent. Ce qu'il dit des autres ou de lui même est très drôle. Salinger donne la parole à son jeune en utilisant son vocabulaire. Les pensées, les doutes, les envies du protagoniste ne sont que mieux retranscrites. C'est là qu'on s'aperçoit de la maîtrise de l'auteur qui réussi à penser comme un adolescent.
On suit donc l'histoire d'un jeune gars, Holden, complètement pommé dans sa vie, qui n'aime rien et presque personne. Il vient de se faire renvoyer de son école privée, il décide alors d'errer durant trois jours dans New York. On peut dire qu'on retrouve du Holden en chacun de nous, ou dû moins de l'adolescent que nous étions il y a peu, tant Salinger en fait l'archétype de l'adolescent tourmenté par la vie. C'est un garçon sensible qui ne comprend pas tout ce qui se passe autour de lui et du coup qui n'aime rien.
L'histoire d'un gosse qui veut s'échapper d'un monde où il est incompris. Il est émerveillé de choses qui lui seul ne peut voir (la scène du manège avec sa petite sœur), il est le seul à se demander où vont les canards de Central Park quand le lac est gelé. La chose qu'il aime c'est l'innocence de l'enfance qui vient juste de le quitter. Je ne sais pas comment vous le dire mais c'est beau, beau à en chialer.
Salinger a réussi à capter l'essence de l'adolescence et à écrire un livre magnifique, drôle, bouleversant et intemporel.