Je crois que j'en attendais peut-être un peu trop. Mais j'en avais entendu tellement de bien : un classique, un chef d'oeuvre, un roman "life-changing", qui te reste dans les tripes des jours après sa lecture...
Quelle déception ! C'est l'écriture, d'abord, qui m'a empêchée de rentrer dedans. La traduction y est sans doute pour beaucoup, mais l'utilisation de ce simili argot d'adolescent sonne tellement faux, tellement daté. Ce style parlé se veut réaliste, mais ce n'est que la transcription de ce que Salinger s'imagine être le langage d'un ado de 16 ans.
J'ai aussi eu beaucoup de mal avec le personnage de Holden, difficilement attachant selon moi. Il m'est souvent apparu comme une caricature d'adolescent rebelle, par sa difficulté à communiquer sainement avec les êtres qui l'entourent, sa brusquerie, son impossibilité à s'enthousiasmer, ou ne serait-ce qu'apprécier quoi que ce soit. Et puis au fil du roman se détachent sa solitude, sa peur de grandir, sa sensibilité, qui résonnent en nous et le rendent émouvant (bien que toujours caricatural).
Au final, j'ai eu du mal à m'immerger dans ce roman, pourtant court et facile à lire. Cependant je comprends son statut de livre culte : si je l'avais lu à 15 ans, lorsque j'avais moi aussi l'impression d'être un canard en hiver et que personne ne pouvait me comprendre, peut-être que j'aurais ri, j'aurais pleuré, je serai tombée amoureuse d'Holden et me serais enfuie de chez moi pour vivre une vie de sourde-muette.
Dommage, j'ai passé l'âge.