Après une bande annonce des plus alléchante, je me suis lancé dans la lecture de Cartographie des nuages, j'en suis sorti ébahi.

Voilà pourquoi :


Mitchell, nous fait voyager à travers des époques et des lieux différents. 1850 dans l'océan Pacifique, 1930 en Belgique, 1975 aux États-Unis, de nos jours en Angleterre et plus tard en ancienne Corée et pour finir encore plus tard, après la chute de la civilisation humaine sur des Îles de la Polynésie. Mais il a la classe et le talent de nous conter ces histoires dans différents styles : journal de bord en vieux anglais, puis épistolaire, puis thriller, interrogatoire, et langage primitif post apocalyptique. Le dernier style est assez lourd car il coupe des syllabes, mais on s'y habitue aux fil des pages.

Rien que ça c'est bien. Mais il y a encore mieux !

Le découpage est du genre A B C D E F E D C B A. Ce système est à la fois intéressant et frustrant, intéressant car on y trouve une paradoxale forme de continuité dans le temps et le récit, et frustrant car on veut savoir la fin de la première histoire mais pour ça il faut en entamer une autre et ainsi de suite.
Mais que nous raconte Cartographie des nuages ? Sur le papier, différentes histoires d'hommes et de femmes, d'hier, d'aujourd'hui et de demain. Ces personnes ont un lien physique, une même tâche de naissance en forme de comète. Elles ont aussi un lien matériel, en gros : A écrit un journal de bord que B lit, B écrit des lettres à un ami que C lit, en même temps C est reporter et D lit son enquête. Qui se décline en fait sous format papier ou musicale. Ça suit toujours au fond ? Je sais, ça paraît compliqué, mais je n'ai pas le talent de Mitchell pour vous le raconter.
L'essentiel c'est de voir qu'il y a un lien physique et des liens matériels entre les personnages. Or, Mitchell ne s'attarde pas sur ces liens, il leur laisse vivre leur vie. Ainsi, il n'est pas tombé dans le ridicule piège de la réincarnation, ou du genre tout est lié et tout est écrit d'avance. Et non, c'est beaucoup plus subtil que ça (et pour certain frustrant). Car il faut aller chercher les liens soi même, il faut, comme le disait mon professeur de Français de 1ére, « lire entre les lignes ». C'est en adoptant ce style de lecture que l'on remarque les subtilités glissées dans le livre. Je ne peux pas en parler ici car cela nécessite trop de précisions, je n'ai pas envie de vous (m') y perdre.

Simplement Cartographie des nuages nous raconte la vie. Faite de désir, de but, de combat, d'amour, de mort. Il nous montrent la répétition des erreurs commises par l'homme. Le plus important est que Mitchell dépeint au mieux l'esclavagisme qui entraîne souffrance, violence et mort. Le désir de conquête sur l'autre, de pouvoir sur l'autre (« mangé ou être mangé » En effet, il en dénonce toutes ses formes, que ce soit l'esclavagisme du 19éme, artistiques (maître apprentis), le mépris de la vieillesse, et l'esclavagisme futuriste avec les clones répondant aux désirs des « sangs-purs ». On peut donc croire ce livre pessimiste car du début à la fin les hommes se tuent, se font la guerre, se trompent, se mentent ; s’autodétruisent, même après la chute de la civilisation.

Pourtant il est bel et bien optimiste et la dernière phrase le résume avec grandeur : « Il me dirait : votre vie n'a guère davantage compté qu'une goutte dans l'infini de l'océan ! » « Cependant qu'est ce qu'un océan sinon une multitude de gouttes ? »

Cartographie des nuages mériterait d'être étudié en cours pour que nous pussions en saisir toutes les subtilités et pour lutter contre l’esclavagisme sous toutes ses formes.

Je me doute que, pour des raisons commerciales, le film des Wachowski va jouer la carte de la réincarnation (acteurs qui jouent 10 rôles dans le film) et faire perdre toute la subtilité du livre, dommage.
Gustavo
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le 7 nov. 2012

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Gustavo

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