Kissed par Cramazouk Hu Premier
Kissed, de Lynne Stopkewich, est un film qui m'a franchement déçu. Loin du cinéma et de la littérature précitée, l'auteure traite le sujet de façon très pudique, faisant de Kissed une œuvre faussement audacieuse.
Son personnage principal, attiré par la mort depuis l'enfance (elle se caresse le corps avec des animaux morts lors des cérémonies funéraires qu'elle leur organise) devient embaumeuse pour assouvir ses pulsions. A la différence des héros de Nekromantik, elle choisit les cadavres en fonction de leur sexe, de leur physique et de leur état de conservation. Pas question pour elle de se salir ! Lors de ces séances sexuelles, elle ressent la personne décédée spirituellement, danse pour se mettre en transe... Plus que de la sexualité pure, le personnage et le film abordent la sorcellerie et la métaphysique à travers la nécrophilie.
L'héroïne est montrée comme une sorcière médiévale, pratiquant des choses interdites, entrant en communion avec les morts comme un medium, tournant comme un dervich... Chaque communion avec le mort se termine par une vision lumineuse. On pourrait y voir un orgasme, mais on est plutôt dans le domaine spirituel.
La réalisatrice montre les choses avec beaucoup de pudeur. Les seules visions morbides sont un peu de sang que s'étale l'héroïne enfant par mégarde sur le cou, et quelques animaux partiellement disséqués montrés brièvement.
Le reste des choses gores se passent en contrechamp, alors qu'il y aurait eu à faire, notamment lors de l'apprentissage de l'embaumement. Malgré tout, cette séquence fait preuve d'une recherche de réalisme de l'auteure via les dialogues et les expressions, lorsque sont évoquées notamment les fluides corporels et l'odeur émanée par les viscères.
Les scènes érotiques sont également très légères et soft. La plupart des plans sur l'héroïne dénudée semblent fuir son anatomie, hormis de très rares où sa poitrine et son pubis sont visibles. Ses mouvement sont filmés avec grâce et volupté, rendant le tout très superficiel.
Enfin, l'enjeu du récit s'articule autour de la relation entre la nécrophile et son amant bien vivant, et sur la tragédie qui en découle. On est donc plus en présence d'un film d'amour que d'un cinéma horrifique et punk comme le pratique Butgereit par exemple.