American Psycho
Knight of Cups raconte l’histoire d’un prince qui part à la recherche d’une perle. Malheureusement, sa jeune couronne vacille, son esprit se fissure et son identité disparait. C’est la dépression...
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le 26 nov. 2015
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Terrence Malick est un artiste qui divise beaucoup, pouvant susciter des réactions violentes ou des élans d'admirations, mais ce qu'il est surtout c'est un cinéaste incompris. De part son aura mystérieux on ne sait pas grand chose de lui et de la radicalité de ses films et de sa vision résulte des divergences d'opinions sur son cinéma catalogué de prétentieux, de romantique et etc. Au final, il est comme tous, un cinéaste qui parle avec son cœur de ses espoirs, ses regrets et son vécu de manière beaucoup plus naturaliste que certains veulent bien le penser. Chose qui a bien été mis en avant dans sa trilogie existentialiste entamé en 2011 avec The Tree of Life puis poursuivi en 2012 avec To the Wonder avant de venir trouvé un sens et une conclusion aujourd'hui avec son dernier opus.
Ici Malick abandonne tout les schémas cinématographiques traditionnels pour écrire son "film", pas de narration, quasiment pas de dialogues ni même d'intrigue ce qui peut déstabiliser le spectateur lambda en quête de traditionnel. Il n'y en a rarement eu dans le cinéma de Malick et c'est d'autant plus vrai ici, car il signe son oeuvre la plus expérimentale, la plus abstraite mais aussi la plus authentique, la plus vraie comme si il était enfin parvenu à faire ce qui était le but de sa filmographie, à force de remonter le fil il cristallise ses thématiques dans leurs formes la plus pure et réalise son film somme. Pas de récit, on ne nous raconte pas une histoire, on nous parle. Il n'est plus question de raconter la vie mais d'être la vie dans tout ce qu'elle a de laborieux et de magnifiques, dans sa manière d'être très concrète mais aussi totalement abstraite et dans la manière que l'on a de la vivre mais aussi de la regarder passer. Chaque aspect de l'oeuvre est pensé à la perfection, que ce soit un film que l'on regarde témoigne de notre manière de vouloir vivre une chose mais en la regardant à bonne distance, avoir un recul sur elle, l'aspect fragmenté et insaisissable symbolise notre mémoire volatile mais aussi l'incompréhension face à notre propre existence et etc.
Malick ne s'est pas contenté de retranscrire la vie mais a réussi à en saisir toute sa complexité mais aussi sa futilité, ce qui peut donner un aspect un peu vide à l'ensemble mais qui se montre au contraire lourd de sens et justement assez bouleversant. "A quoi résume-t-on la quête d'une vie ?" nous demande Malick, car jamais la sensation de voir le cinéaste nous parler directement ne nous quittera. La résume-t-on à nos relations ? Quelles soient familiales ou amoureuses ou alors on la résume à notre réussite professionnelle ? A ce que l'on lègue ou que l'on hérite ? Finalement la vie n-est-elle pas qu'une lutte perpétuelle pour trouver sa place et la raison de sa présence, comme si l'interrogation n'était qu'un but en soi, l'intrigue dans sa forme abstraite ne commençant ici que quand le personnage s'interroge, qu'il commence à se réveiller. L'interrogation est au cœur de nos existences et ce qui est autour n'est que futilité comme nous le montre ici Malick car nous sommes incapables d'apprécier ce qui devrait être simple, que l'on cherche à compliquer ce qui est devant nos yeux alors que ça appelle au lâché prise le plus totale, une affaire de sensation et de ressenti tel que l'amour ici. On le trouve sans même savoir qu'on la trouvé ayant le regard tourné autre part. On se retrouve donc en plein milieu des obsessions du cinéaste, dans ce qui a fait son cinéma jusqu'à présent mais dans une forme plus brute et plus frontale, jamais il n'avait été aussi clair dans son message et jamais il ne s'était autant dévoilé. Beaucoup y verront de la prétention dans sa manière de balader le spectateur dans ce morceau de vie mais au contraire sont propos est anti-prétentieux, il ne prend pas de haut et ne prétend pas savoir, il montre et met à nue en indiquant qu'il est tout aussi perdu que le reste de l'humanité proposant comme solution, la compassion.
Cette volonté de mettre tout le monde au même niveau se ressent aussi dans sa manière de gérer le casting, il n'hésite pas de faire tourner des acteurs relativement connus dans des rôles de figurations, on les voit passer mais ne s'arrête pas, ils ne sont que des silhouettes. C'est un message très fort, surtout ici car il prône l'absence d'égo, personne n'est supérieur à un autre. Après pour ce qui est du casting plus concret, le tout est dominé par Christian Bale, au sommet de son charisme qui distille une performance subtile et d'un naturel assez bluffant. Ce naturel inonde d'ailleurs l'ensemble des acteurs, notamment Cate Blanchett et Natalie Portman, toute deux exceptionnelles dans des rôles pourtant courts, jamais on a l'impression de voir ses acteurs jouer un rôle mais bien de vivre leurs vies. On notera aussi la courte mais intense apparition de Imogen Poots, parfaite comme à son habitude.
La mise en scène de Terrence Malick est brillante dans sa manière de retranscrire la vie, jouant avec différentes focales pour grossir certains effets, utilisations d'une GoPro pour un rendu plus granuleux pour les souvenir plus anciens et donc plus floue, il filme son oeuvre comme un palais de la mémoire parfois distordu et imprécis qui ne possède aucune linéarité et ancrage dans le temps. On passe grâce à un montage habile à des plans très courts et irréels comme pour traduire l'imagination ou les souvenirs confus du personnage à des plans plus longs pour montrer ses souvenirs les plus vifs. On est donc face à une oeuvre visuelle en constante évolution, offrant des plans de toute beauté cadrés de façon audacieuse et bien pensé dans la pure tradition du style Malick. Avec en prime une photographie absolument sublime de Emmanuel Lubezki et un score musical enivrant et hypnotique qui plonge dans un état second.
En conclusion Knight of Cups est une oeuvre sensationnelle et rare mais qui demande une implication totale de la part du spectateur. Il ne faut pas avoir peur de s'y laisser bercer, de savourer ses longueurs, sa sensation de vide et etc. C'est une expérience qui nous met dans un état somnambule mais dans le bon sens du terme, on est lové par elle à la fois émerveillé mais calme. Terrence Malick à réussi le pari fou de reproduire un morceau de vie, d'en trouver sa nature en à peine 2h et de l'exposer de manière pure dans tout ce qui fait son ambivalence, ses réussites comme ses échecs. Ce n'est donc pas à un film que l'on assiste et il peut au final difficilement être pris en temps que tel, il est si peu tout en étant tellement, à la fois dense et incroyable et peut importe comment on l'appelle, oeuvre, expérience de cinéma, de vie, une chose est sûr c'est qu'elle n'aura probablement jamais son pareil. Précieux et indispensable.
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Créée
le 26 déc. 2015
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