À l’image de sa sincérité désarmante, Knightriders nous amène à questionner l’apport réel du cinéma en tant que messager de la culture populaire.

C’est l’éternel conflit entre perfection narrative et technique, et sincérité émotionnelle, symbolisée par cette troupe de chevaliers perdus dans le temps. Une troupe qui renvoie aussi bien à l’œuvre de Romero et sa grande famille de collaborateurs fidèles qui l’accompagnera dans la majorité de ses productions, qu’à l’essence même du septième art, formé dans les allées des foires itinérantes. Avec son rythme apathique et son montage multipliant les scénettes sans véritables enjeux dramatiques, le film déroutera sans doute une grande partie des spectateurs peu enclins à outrepasser la naïveté primaire de l’histoire.


Cependant, par sa poésie anachronique et son développement thématique fouillé, Knightriders dépasse facilement le stade de la série b kitsch pour nous emmener plus loin, vers un cinéma libre et libertaire dans une période où les grands studios vont populariser les films de genre et d’exploitation à outrance sans jamais s’approcher de leur essence anticonformiste et contestataire héritée des années 70.

Ce microcosme attachant agit comme un refuge pour les orphelins de la société et les familles brisées, mené par un Ed Harris au visage mêlant constamment dureté et empathie, protégeant sa troupe d’un monde extérieur à la vulgarité affichée bien qu’également emprisonné par le conformisme. Très évocatrice, la séquence finale évoquant la conclusion d’Easy Rider, autre traité libertaire et autre époque, affirme que la transmission d’un mythe ne peut se réaliser qu’après la mise à mort de celui-ci.


Tandis que le héros disparait, c’est la famille du cinéma qui se reconstruit.

Sandbat
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le 23 juin 2024

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