Intrusion
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le 22 sept. 2015
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J'aime bien le petit Keanu Reeves. On se moque souvent de lui, mais j'ai toujours su qu'il avait du talent. Il le prouve ici avec ses tripes.
En dehors de toute considération morale, le scénario m'a paru intéressant pendant les 2 tiers. Deux nanas s'invitent chez un p'tit bonhomme père de famille sympa et lui font tourner la tête avant de lui faire passer un mauvais moment. Un survival en huis clos où l'on s'attend à une structure classique. Et bien non. En soi ce n'est pas un mal, on a vu "Funny games" dans le genre et ça fonctionne plutôt bien. Ce qui cloche ici, c'est que Roth peine à boucler son intrigue. Il donne des solutions à son personnage pour ensuite les lui retirer sans un bon prétexte. Cela s'apparent à du malus ex machina, lorsque le héros n'y peut plus rien, quoiqu'il fasse, il l'aura dans l'os. C'est l'inverse du deus et c'est tout aussi irritant lorsque ça arrive en fin de course. Un bon scénario contient des éléments qui s'entremêlent et une fin logique grâce à des préparatifs faits en amont. Ici, rien de tout ça, c'est très linéaire, on a quelques retournements de situation faciles pour ensuite de toutes façons faire échouer le héros, quoiqu'il fasse. Là où l'auteur perd vraiment son public, c'est avec cette partie de cache-cache : les personnages perdent toute leur consistance en agissant bêtement (ce qui est dommage, parce que jusque là, ils étaient très bien écrit : Keanu en mec dépassé par ce qui lui arrive, et ces deux bimbos en justicières complètement à côté de la plaque). C'est en plus le moment où l'on s'attend à ce que le classique retour de balle arrive, ce qui accentue la déception.
Les incohérences sont nombreuses : comment penser que ces deux jeunes filles puissent sévir de la sorte sans jamais se faire arrêter ? Elles ont été filmées et vu l'état dans lequel se trouve le héros, il est peu probable qu'on le tienne pour responsable des crimes commis par ces deux bimbos. Du coup, on ne comprend pas où elles veulent en venir. On ne comprend pas non plus où l'auteur veut en venir. Est-ce une critique de la société américaine et de son esprit de famille ou bien est-ce juste un simple film angoissant mettant en scène deux folles ? On ne sait pas !
On peut pencher pour la première solution à cause de la mise en scène : l'auteur insiste beaucoup sur l'apparente perfection de ce couple : les photos, les amis qui croient le couple solide, l'utilisation de réseaux sociaux, l'utilisation de "Where's my mind" pour clôturer l'histoire (qui fait forcément écho à "Fight Club"). Et puis en même temps, la deuxième solution paraît toute aussi adéquate puisque ces jeunes filles ne font jamais que défendre la famille parfaite. Sauf que leur manière de procéder n'a aucun sens et jamais elles ne se remettent en question. Le moment le plus intense est lorsqu'elles n'arrivent pas à admettre qu'elles sont fautives et qu'elles rejettent la faute sur le héros. Là, on se dit qu'elles n'ont pas toute leur tête, qu'elles agissent comme beaucoup d'ado irresponsables. Mais voilà, tous ces éléments se contre-disent et l'on ne peut donc comprendre ce qu'a voulu faire Roth. SI c'était vraiment une critique de la famille, il aurait été plus intéressant de révéler que le héros est une ordure. Si les filles sont juste tarées, alors il aurait fallu accentuer ce point-là à la fin du film plutôt que de faire allusion à l'effondrement d'un système (la famille dans ce cas-ci).
La mise en scène est léchée au point que je n'ai pas reconnu le style de Roth. C'est plutôt une bonne chose, les mouvements de caméra sont pertinents et ces longs travelling dans ces nombreux couloirs rythment véritablement le film. Le découpage est plutôt efficace aussi, des angles de vue simples qui se suffisent. Les acteurs, enfin, sont très bons : les jolies demoiselles font froid dans le dos, pendant que Keanu utilise ses yeux avec une très grande efficacité (alors qu'on le dit inexpressif, ici c'est tout simplement faux). La musique n'est pas particulièrement mémorable, mais fonctionne en soi. Le lieu est vraiment bien trouvé et bien exploité : jamais on ne se perd dans cette maison, Eli parvient à rendre les lieux familiers très vite.
Bref, "Knock knock" n'est pas un mauvais film : c'est juste que le scénario perd de son efficacité vers la fin du film et que l'auteur ne semble pas trop savoir lui-même de quoi il veut nous parler. Pour le reste, c'est assez divertissant et la tension n'a de cesse de monter.
PS : quand même, il est super beau gosse ce Keanu !
Créée
le 2 nov. 2015
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