Kodoku est typiquement le genre de film à déguster avec une bière et une bande de potes amateurs du cinéma de genre, japonais et bien déjanté. Mâles, les potes, de préférence, parce que l'image de la femme est affligeante dans ce long-métrage, mais cela ne m'étonne même plus venant d'une oeuvre si représentative de la culture japonaise et du cinéma de genre.
Les autres critiques faites avant moi le disent très bien : sous ses aspects nanardesque de baston gore, Kodoku se révèle être une critique acerbe de la société, japonaise mais pas que. Les personnages sont rongés par un quotidien opressant, trouvent refuge dans des croyances aux allures de secte, expriment leur rage dans la violence. Le passage où la population pose la main sur le "verre" et où s'affichent leurs pensées est très représentatif de cette société oppressée, aliénée par ses codes. J'ai été particulièrement touché par le "les américains ont balancé la bombe atomique", rappel direct que le passé ne s'efface pas, cri de rage refoulé face à une culture de la mondialisation où le japon ravale sa rancune pour l'un des plus odieux crimes de l'humanité.
La fin avec le message pro-vegan est du plus bel effet, après avoir assisté à cette profusion d'hémoglobine et de massacres débiles, on nous balance à la figure des massacres réels, des images d'abattoirs, et d'un coup toute la stupidité que l'on vient de se farcir à grand renfort d'éclat de rire ne nous fait plus du tout sourire, on reste muet, un regard un peu gêné sur des choses que l'on se plait à oublier quotidiennement.
Kodoku : Meatball Machine aurait tout eu pour me plaire s'il ne mettait pas le corps de la femme (et la femme, de façon plus globale) en scène de façon aussi ridicule qu'outrancière. Certes, le "J'ai des boobs !" avec un monstre qui utilise ses seins comme mitraillette peu arracher un rire, mais à un moment, la perversité des personnages comme du réalisateur et celle supposée des spectateur m'a insupporté. Ceci tient peut-être du contexte dans lequel je l'ai vu : durant ce festival européen du film fantastique de strasbourg, sur une bonne douzaine de film, je n'en ai compté pour l'instant que trois avec des personnages féminins intéressants, ce qui me désole. Ce film enfonce le clou. Ici, la femme n'est là que comme love interest en tant que personnage pur, ou bien comme objet sexuel. Intéressant d'ailleurs de voir ce découpage : ou bien tu es pure et prude (et naïve, et fantasmée de façon d'autant plus perverse), ou bien tu es impure et portée sur le sexe (les femmes du cabaret, associée à des prostituées, se transforment toutes en monstre et osn présentées dès le début comme négativement). Ah, on a deux autres femmes qui ne sont que les instruments des méchants, encore des femmes-objet.
il y a de quoi être sérieusement remonté vis à vis de l'image de la femme... mais quiconque est habitué des productions japonaises ne s'en étonnera pas tellement. J'ai beau trouver ce pays fascinant, il n'en reste pas moins très problématique dans sa vision de la femme. Finalement, ici aussi Kodoku est représentatif de la société japonaise, dans ce qu'elle a de pire et de meilleur. Et c'est finalement le ressenti final en sortant de cette séance : l'impression de s'être mangé une bonne tartine de japon en plein dans la face, dans toute sa démesure, dans toute sa crasse et dans toute sa grandeur.