Après 12 ans d'inactivité, et grâce à l'ATG, Nakagawa revient pour une ultime réalisation qui a tout du film testament. Et quel film testament !
Reprenant les composants de ses films de fantômes (apparition, culpabilité, proximité des rivières, victimes attachés sur une porte flottante, monde de la scène), le cinéaste abandonne ses plan-séquences virevoltants pour une succession de plan fixes aux cadrages sophistiquées, ce qui ne veut pas dire que le rythme est contemplatif ; loin de là même. Il délaisse aussi les couleurs bariolées pour des tons plus doux et pastels.
Le résultat est un film magnifique visuellement et magnifique tout court avec un ton chaleureux, dédramatisé, toujours théâtrale mais dénué de toute exubérance. C'est une œuvre où l'on sent un cinéaste épanoui, apaisé et serein pour une belle déclaration d'amour au métier d'acteur et au monde de la scène.
Nakagawa n'a pourtant rien perdu de son efficacité avec notamment une ouverture troublante où l’ambiguïté des rapports entre un couple et leur meilleur ami prend une tournure perverse qui laisse deviner une violence sous-jacente prête à exploser.
Contrairement à ses films antérieurs, Koheiji est vivant n'est pas un film fantastique même s'il en a l'apparence et la forme. les différentes apparitions ne sont pas des manifestations surnaturelles mais une expression de la culpabilité du meurtrier. Ainsi, le trio de personnage compose une belle et touchante histoire d'amour servis par des acteurs magnétiques.
Avec 78 minutes au compteur, le film connaît cependant quelques légères baisses de régime avec une ou deux péripéties redondantes mais qui s'oublie vite devant la force et la poésie des derniers plans.
Si seulement tous les derniers films pouvait être de ce niveau