Passer de l'immobile à l'animé est l'ambition de Kommunalka. À partir d'un ancien projet photographique, Françoise Huguier réanime les spectres et les traces fixés sur papier en une histoire de mouvements : les images de cinéma, bien sûr, mais aussi les soubresauts secrets d'armées humaines oubliées. Quand les proscrits ont pris l'habitude de se taire, isolés dans leurs ghettos, des films comme celui-ci animent les paroles et les affects de ces négligés que l'on tend pour une fois à écouter et regarder.
D'un œil amusé, on pourrait être tenté de rapprocher ce mode de vie d'un Loft Story non consenti. L'impression diffuse et justifiée d'être à tout moment épié ou entendu imprime aux occupants la tradition de la méfiance. Chacun s'ignore socialement tout en lorgnant avec dégoût ou avidité les faits et gestes du voisin. Le risque est grand pour le documentaire de se contenter de ça, d'une illustration un peu glauque de la contiguïté humaine. L'habileté de Françoise Huguier est de conférer à tous une personnalité, une individualité.
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