Un film qui prétendait user d’un scénario de thriller paranoïaque pour illustrer la fragilité des relations diplomatiques franco-russes pré-Ukraine avait de quoi attiser la curiosité. Mais malheureusement, c’est la cavalcade de Mathieu Roussel (Gille Lellouche) qui sera centrale au récit. Le problème n’est pas cette approche, mais le manque d’intérêt que l’on peut avoir à suivre un personnage assez antipathique, dans un parcours greffé de circonvolutions qui rallongent la sauce pour pas grand chose, et avec une bluette prétexte sans alchimie ni passion.
Pourtant Kompromat a bien quelques cordes à son arc. Une structure en flashback sur ses débuts qui permet de balayer toutes les potentielles raisons de la persécution de notre protagoniste, pour mieux indiquer que toutes sont bonnes dans un pays aussi peu enclin à toute forme de progrès social qui pourrait déranger les bonnes mœurs, où les intérêts personnels des hauts placés peuvent aisément supplanter les lois en vigueur.
Jérôme Salle se dote parfois d’une plastique aussi froide qu’elle est efficace, certaines scènes rappelant les planches de Enki Bilal pour Partie de Chasse. Mais les soucis de rythme viennent transformer cette ambiance terne en une léthargie préjudiciable pour le spectateur.
Kompromat n’est pas vilain, mais s’attarde sur des broutilles au détriment d’axes qui auraient mérité d’être plus creusés. Les rares interventions des représentants de l’hexagone ne mettent que peu d’emphase sur les réelles problématiques diplomatiques, servant tout juste de prétexte à des rebondissements prévisibles à l’échelle de l’histoire de Mathieu.
La tension ne prend pas, la toile de fond ne dépasse jamais son postulat archétypal qui se retrouve jusque dans les trognes du FSB, et Kompromat se révèle in fine assez terne.