Ode à l'acier des Komsomols

Étonnante ode aux travailleurs de l'Union Soviétique, et plus précisément au Komsomol (l'organisation de la jeunesse communiste de l'URSS fondée en 1918), de la part d'un réalisateur néerlandais engagé à l'occasion de ce film de propagande pré-Seconde Guerre mondiale. Joris Ivens était manifestement un sympathisant à la cause soviétique, lui qui tourna son premier documentaire en 1912 et son dernier en 1988, et oriente ce chant lyrique vers une région désertique où sera construit un haut fourneau. Un film à la gloire des bâtisseurs, qui ont pour arme la pierre et le fer, la brique et les rivets, avec de nombreuses séquences illustrant le travail des femmes autant que celui des hommes. Tout le monde concourt à la construction du communisme qui promet des jours heureux, et Joris Ivens déploie un intense formalisme graphique, dans la photographie et le montage hérités d'Eisenstein et consorts, pour célébrer la puissance de ce renouveau industriel sous Staline. Une ode à l'industrialisation qui déborde d'enthousiasme et qui, naturellement, prend le soin de ne pas mentionner tous les condamnés présents dans les rangs de ses travailleurs. Ivens a recours à de l'animation en stop-motion pour illustrer la marche inarrêtable des camions et des trains du futur, et une animation plus classique pour montrer l'excitation via des ondes radio se propageant à travers toute l'URSS. On y fait la course à celui qui posera le plus de rivets dans la joie et la bonne humeur, entre paysans, nomades et familles quelconques, pour terminer sur un chant patriotique une fois que l'acier coule à flots.