Il y avait de quoi avoir peur. En effet, avions-nous réellement besoin d’une nouvelle interprétation de l’histoire de King Kong ? La réponse se pose d’emblée : non. Tout d’abord, il est difficile de voir « Kong : Skull Island » comme autre chose qu’un mastodonte visant à créer des bénéfices, en faisant également les préliminaires du futur « King Kong vs Godzilla » lancé par la Warner. Ensuite, « Skull Island » n’a rien de la carrure du chef-d’œuvre de 1933, et ne dispose pas non plus du souffle épique du remake de Peter Jackson, sorti en 2005 ; ce qui tombe plutôt bien, puisqu’il n’a aucune ambition qualitative. Néanmoins, l’équipe dirigée par Jordan Vogt-Roberts parvient à trouver la parade pour aguicher lentement, mais surement, le spectateur s’étant déplacé dans la perspective d’en dire du mal sur les réseaux sociaux. Casting de luxe, les Rolling Stone et Bowie sur la bande originale, nombre colossale de références à « Apocalypse Now » (le héros s’appelle Conrad, tout de même !), et parti pris pour le rire revigorant, faisant flirter le résultat final avec le mauvais film très sympathique.


Dès le départ, une imagerie puissante est déployée, pour rapidement figurer comme l’arme principale du métrage, se résumant à un spectacle vulgairement « pulp » faisant preuve d’une générosité et d’une efficacité colossale en terme d’effet spéciaux, mais aussi, plus simplement, en tant que récit d’aventure aux combats lovecraftiens. Iconisé, King Kong, mascotte vieillissante mais toujours aussi charismatique, veille sur une île du crâne filmée à la manière d’un gigantesque défouloir exotique (et numérique). Pourtant, c’est une jubilation de courte durée. Blockbuster massif ô combien récréatif, « Kong : Skull Island » gère avec intensité son aspect visuel, pour mieux délaisser son scénario, et surtout l’écriture de ses personnages, tous plus idiots les uns que les autres. Ainsi, le film amuse, autant qu’il agace, et plonge rapidement dans l’engrenage du too much. Certaines séquences émerveillent (l’attaque en hélicoptère, la chasse à l’homme dans l’est de l’île), d’autres sont redondantes et vues et revues dans d’autres dizaines de films, disposant tous de ce même final expéditif et lamentable annonçant une suite.


« Skull Island » est l’archétype du blockbuster d’aujourd’hui : une sorte de slasher giga-méga-super géant et un condensé de nostalgie racoleuse. Néanmoins, il serait de mauvaise foi de dire que l’aventure n’a pas été plaisante, reprenant le schéma des films des années 30-40 pour opérer un plaisir inouï vis-à-vis d’un film qui, à défaut d’être flemmard de case gueule en terme d'écriture, n’est pas si stupide qu’il veut bien nous le faire croire. Vivement donc la suite, qui, on l’espère, sera un cross-over avec Godzilla, l’Indominus Rex de « Jurassic World » et la Justice League. Si on va dans le mur quoi qu’il arrive, autant s’écraser avec le sourire.

Kiwi-
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le 13 mars 2017

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