Kotoko
6.9
Kotoko

Film de Shinya Tsukamoto (2012)

Le métal est tourmenté & L'esprit est en fusion.

Kotoko est une jeune femme atteinte de diplopie, un trouble oculaire qui double la vision de certains objets. Sauf que Kotoko semble également empreint d'une paranoïa effrayante qui la pousse à ne faire confiance à personne et à vivre dans une terreur constante. Une terreur qui se multiplie au contact de son enfant dont elle n'arrive plus à assurer la sécurité tiraillée entre ses états dépressifs extrêmes et des visions de plus en plus brutal et mêlée au réel. C'est dans ce chaos assourdissant qu'apparaît Seitaro Katana, un romancier maladroit et rêveur, fasciné par la jeune femme qu'il va se mettre en devoir d'aider..

Kotoko, c'est comme mordre dans un très beau fruit préalablement fourré de lame de rasoir. Un mélange de sucre, de couleur mais aussi de sang et de métal, signature obsessionnelle de son réalisateur qui n'est autre que l'insaisissable Shynia Tsukamoto.

Kotoko n'est pas simplement un drame, c'est également un film expérimental, une comédie, un film d'horreur, c'est un peu tout à la fois. Laissant constamment balancer son récit au gré de l'instabilité progressive du comportement de Kotoko, le film alterne entre une mise en scène très agressive à base de steadicam parkinsonienne et d'attaque sonore déstabilisant mais se rompt subitement par des instants poétiques et lunaires où Kotoko se met à chanter a cappela dans de longs plans-séquence.

Le rapport de Kotoko à la musique n'est pas étranger à sa créatrice. Cocco, chanteuse de J-Pop écrit, crée et incarne ce personnage sûrement basé sur un passif lourd (cela ne laisse que peu de doute) et le met entre les mains de Tsukamoto qui en fait un cauchemar surréaliste et poétique. Traverser d'éclats de violence furieuse (voir un peu bis parfois), "Kotoko" tiendra en haleine les plus sensitifs d'entre vous. Une œuvre complexe, pas forcément accessible, qui n'hésite pas à pousser le spectateur dans ses derniers retranchements. À déconseiller aux personnes sensibles donc, mais vous serez transportez si vous êtes de ses cinéphiles qui aiment ressentir un film et que vous êtes prêt à vous investir dans un rêve halluciné aussi sincère et fragile que perturbant et un peu effrayant.

Love_You_Freaks
10
Écrit par

Créée

le 6 janv. 2021

Critique lue 331 fois

4 j'aime

3 commentaires

Love_You_Freaks

Écrit par

Critique lue 331 fois

4
3

D'autres avis sur Kotoko

Kotoko
Shania_Wolf
10

Always confusing the thoughts in my head, so I can’t trust myself anymore [c'était l'instant émo]

Avais-je froid ? J'ai frissonné tout du long. Avais-je faim ? J'en suis sortie avec un mal de ventre terrible. Kotoko, de plus en plus, s'enfonce dans l'angoisse, se laisse gagner par ses démons,...

le 28 août 2014

10 j'aime

Kotoko
Love_You_Freaks
10

Le métal est tourmenté & L'esprit est en fusion.

Kotoko est une jeune femme atteinte de diplopie, un trouble oculaire qui double la vision de certains objets. Sauf que Kotoko semble également empreint d'une paranoïa effrayante qui la pousse à ne...

le 6 janv. 2021

4 j'aime

3

Kotoko
JonathanAsia
8

Critique de Kotoko par Jonathan Asia

Kotoko est un film réaliste, filmé caméra au poing, une plongée dans la folie sans échappatoire. L’héroïne est une pauvre femme dérangée, mère à qui on a retiré son enfant, une mère aimante mais...

le 8 juin 2017

3 j'aime