Quand le passé n'arrive plus à se réparer

Kramer contre Kramer: un homme et une femme imparfaits, en devenir, en croissance et en chemin de maturation. Pour lui, tout va bien, sa carrière est florissante, sa femme l'attend au foyer, que désirer de plus ! Pour elle, c’est plus dur, le doute sur elle-même s'instaure, la vie l'étouffe.


Il en faut du temps pour naître à soi-même et rien n'est automatique. C'est finalement en se séparant qu'ils vont se découvrir eux-mêmes mais aussi l'un et l'autre. Pour lui, c'est l'apprentissage de ce que c’est que d'être père, responsable, présent, aimant dans le quotidien et c'est l'apprentissage du pain perdu : quoi de plus facile apparemment… des courses à faire, des histoires à raconter. Pour elle, c'est apprendre à se découvrir, pas seulement dans un rôle de fille, d'épouse et de mère, mais dans ce qu'elle est, dans ses capacités qu'elle ignore. Et au milieu d'eux un petit bonhomme de 5 ans, pétillant de vie qui se sent coupable d'être abandonné.


Puis après le quotidien et un équilibre trouvé, il y a le passage au tribunal avec toute la violence des règles du jeu qui prennent au dépourvu les deux protagonistes se regardant avec pitié, balbutiant l'un et l'autre à plusieurs reprises : « mon mari, enfin non, mon ex-mari » et « ma femme, ou plutôt mon ex-femme ». Tandis que les deux avocats, eux, maîtrisent parfaitement le jeu auquel ils sont rodés.


Kramer contre Kramer est un film qui touche par sa justesse de ton, par la justesse de ses acteurs :

- les grands comme Dustin Hoffman et Meryl Streep qu'on a plaisir à voir jouer ensemble,

- l'acteur en herbe, Justin Henry, plus vrai que nature et absolument bluffant,

- les rôles secondaires : l'amie d'elle puis de lui, les avocats qui font leur boulot quitte à se transformer en bourreau.


Kramer contre Kramer, un film qui touche parce qu'il est vrai, parce qu'il parle de la complexité de la vie et des relations, qu’il ne moralise pas, qu'il n'en rajoute pas mais qu'il dépeint l'humain tout simplement. Le tout accompagné du sublime Allegro du Concerto pour mandoline de Vivaldi. Un film qui a bien mérité ses cinq oscars.

Créée

le 27 mars 2023

Critique lue 254 fois

18 j'aime

18 commentaires

abscondita

Écrit par

Critique lue 254 fois

18
18

D'autres avis sur Kramer contre Kramer

Kramer contre Kramer
Behind_the_Mask
8

Pêché originel

Un homme et une femme qui se séparent. Quoi de plus banal aujourd'hui. Mais ce sont les réactions qui, ici, le sont moins. Cet homme qui cherche à peine à retenir celle qu'il a dû aimer un jour,...

le 12 oct. 2015

28 j'aime

Kramer contre Kramer
Truman-
8

Critique de Kramer contre Kramer par Truman-

Au début j'ai pas accroché, je me suis même profondément ennuyé et j'ai eu comme l'impression que le film avait du mal a bien se lancer . Puis peu a peu le film se lance comme il faut, l'histoire...

le 30 janv. 2014

24 j'aime

2

Kramer contre Kramer
Ugly
6

Mélodrame social

Bon, je le dis de suite, ce n'est pas le genre de film que j'affectionne, on peut lui reprocher son caractère mélo, heureusement pas trop appuyé, le sujet délicat que beaucoup de couples ont sans...

Par

le 4 juin 2018

21 j'aime

Du même critique

La Leçon de piano
abscondita
3

Histoire d'un chantage sexuel ...

J’ai du mal à comprendre comment ce film peut être si bien noté et a pu recevoir autant de récompenses ! C’est assez rare, mais dans ce cas précis je me trouve décalée par rapport à la majorité...

le 12 janv. 2021

63 j'aime

22

Le Comte de Monte-Cristo
abscondita
9

"Je suis le bras armé de la sourde et aveugle fatalité"

Le Comte de Monte Cristo est une histoire intemporelle et universelle qui traverse les âges sans rien perdre de sa force. Cette histoire d’Alexandre Dumas a déjà été portée plusieurs fois à l'écran...

le 30 juin 2024

52 j'aime

14

Le Dictateur
abscondita
10

Critique de Le Dictateur par abscondita

Chaplin a été très vite conscient du danger représenté par Hitler et l’idéologie nazie. Il a été l’un des premiers à tirer la sonnette d’alarme. Il commence à travailler sur le film dès 1937. Durant...

le 23 avr. 2022

34 j'aime

22