Les années 2000 sont définitivement LA décennie du cinéma d'animation en image de synthèse. Entre Pixar sortant chef d’œuvre sur chef d’œuvre et DreamWorks débutant de nombreuses saga comme Shrek, Madagascar ou Kung Fu Panda, on ne pouvait être qu'heureux.
Entre toutes ces pépites, il était très difficile de se démarquer tant chaque film révolutionnait la technique tout en assurant des scénario de qualités (Monster Inc fût le premier d'animation en image de synthèse à présenter un personnage poilu, c'est à dire Sulli).
Cependant, la véritable révolution technique à mon sens fût Kung Fu Panda, car encore aujourd'hui, son visuel vous explose à la figure tel une bombe nucléaire. On s'en prend plein la gueule et ce à chaque épisode. Bon, petit exclusivité pour l'époque : Kung Fu Panda était le tout premier film en image de synthèse où on pouvait voir un personnage poilu ET habillé (à l'époque, c'était soit l'un soit l'autre, d'une certaine manière, Sulli de Monster Inc est poilu, mais tout nu).
Mais ce n'est pas la seule innovation qu'a apporté Kung Fu Panda, l'animation est d'une fluidité encore aujourd'hui bluffante. C'était bien la première fois qu'on pouvait voir des combats aussi bien chorégraphiés et animés. Quand on voit les quelques combats dans Shrek, ça paraît plutôt fade. Le seul film d'animation ayant des combats aussi beaux est à mon sens Les Indestructibles.
Sauf que là, Kung Fu Panda ne fait pas combattre des humains, mais des animaux. Il faut alors revoir l'ossature de chaque animal, sa taille, etc...
Allons encore plus loin, car Kung Fu Panda ne se limite pas à une animation fluide et des combats de qualité, il se permet même différents types d'animation comme dans cette introduction d'anthologie avec un type d'animation que je n'avais jamais vu auparavant accompagné d'un style asiatique marqué et coloré. Les couleurs parlons-en, même si les épisodes suivants sont encore plus beau concernant les couleurs, ce Kung Fu Panda reste une référence en la matière tant les paysages de la Chine sont d'une beauté rare, les couleurs d'ambiance comme la noirceur de la prison où est enfermé Taï Lung ou encore le vert pomme des plaines chinoises, tout est magnifique avec des décors grandioses.
Dire que ce film a dix ans...
Mais là encore, Kung Fu Panda n'est pas qu'un film d'animation révolutionnaire et visuellement bluffant, c'est également l'une des trilogies d'animation les plus matures. Un film avec un panda qui fait du kunf fu mature ? Oui, je vous assure.
N'oublions pas que c'est au départ un film destiné aux enfants, il n'est donc pas étonnant de voir des blagues un peu gamines, mais en ce qui me concerne, même adulte, je rigole. Donc oui, le film se permet certaines gamineries, mais ça fait parti du charme.
Concernant l'aspect sombre de la saga, le film installe toute un intrigue sur Master Shifu qui a élevé Taï Lung comme son fils, sauf que celui-ci plein d'ambition et face à l'impossibilité de devenir le Dragon Warrior, est devenu une bête sanguinaire pleine de rage et de haine. Shifu est responsable de cette folie car il n'a pas su se rendre compte de son ambition et d'à quel point son fils spirituel n'agissait que par ambition, c'est à lui de détruire Taï Lung mais son amour paternel l'en empêche. Je trouve que cela prend encore plus de puissance lorsque les deux s'affrontent et que malgré sa force, Shifu est incapable de tuer son fils spirituel. C'est un traitement de personnage vraiment efficace et vraiment dramatique.
Une autre facette du film, c'est son aspect philosophique qu'apporte le personnage d'Oogway, la tortue sage qui a su atteindre la paix absolu pour créer le kung fu. Cest un personnage dont chaque réplique est d'une sagesse remarquable et qui apporte des réflexions philosophiques magnifiques. Je pense notamment à la discussion entre Shifu et Oogway à propos de la pêche et du contrôle des choses. Shifu veut tout contrôler pour résoudre les problèmes. Oogway affirme alors que l'on ne peut tout contrôler. Shifu prend une pêche de l'arbre, dit qu'il peut décider de faire tomber les fruits, de planter une graine là où il veut. Oogway réplique alors que peu importe là où il pose sa graine, il obtiendra toujours un pêcher, et non un pommier ou un oranger. Il faut faire avec ce que l'on a, et en tirer le meilleur. Le contrôle est illusoire et ne mène qu'à la destruction de l'âme. C'est ça que j'aime avec Oogway, c'est qu'il offre des messages de vie évidents mais d'une complexité incroyable pourtant accessible à tous.
Et pour le reste... tout est incroyable. Tous les personnages ont une personnalité marquée, les musiques de Hans Zimmer et James Powell font parti des plus belles musiques de film que j'ai entendu, mélangeant le souffle épique de Zimmer avec la beauté des compositions de Powell avec un style chinois qui offre la singularité des compositions. Des scènes d'anthologie et de toute beauté (le départ d'Oogway avec les fleures, le combat entre Shifu et Taï Lung), l'humour irrésistible, un personnage principal certes très classique mais très attachant.
Kung Fu Panda est un film qui fait du bien, et qui est riche en message. Et pour moi, c'est exactement à ça que devraient ressembler tous les films d'animation. Kung Fu Panda est une pépite, voilà, un perle rare, un chef d’œuvre d'animation comme DreamWorks savait faire auparavant. Bref, à voir, revoir, encore et encore !