DreamWorks nous a habitués à un catalogue de films d'animations aux qualités variables, allant de l'excellent (les How To Train Your Dragon) aux médiocres (les Madagascar). Au milieu de ça, il dispose de certaines licences appréciables mais qui se sont considérablement essoufflé au fil du temps. On pense notamment aux Shrek mais c'est aussi le cas pour leur Kung Fu Panda. Après un premier opus frais et original, sortie il y a déjà 8 ans, qui à su se montrer particulièrement réussi, la franchise avait accouchée d'un deuxième opus plus anecdotique en 2011. Même si il changeait de ton par rapport au premier opus, qu'il disposait d'un antagoniste plus intéressant et qu'il plongeait dans le passé de Po, il était beaucoup trop dans la redite par rapport à son aîné et souffrait d'un cliffhanger bancal. 5 ans après, le dernier opus de la trilogie - mais pas de la saga d'après le studio qui espère faire une deuxième trilogie - voit le jour sous la direction de Jennifer Yuh Nelson (déjà derrière le deuxième opus) et Alessandro Carloni avec la promesse d'un renouveau pour la saga.


Toujours scénarisé par Jonathan Aibel et Glenn Berger, il semblerait que les deux scénaristes ne se sont pas foulés depuis le premier opus. Réutilisant la même formule et la même trame que les deux autres films avec un méchant redoutable qui veut être le maître du Kung Fu et Po qui doit encore refaire ses preuves pour pouvoir le vaincre. Ayant sauvé ses amis et la Chine par deux fois, il est légèrement problématique de voir ses proches encore douté de lui et qu'il doive encore prouver qu'il est loin d'être un looser. Même si le fait de ne pas laisser le personnage dans sa zone de confort et de le poser vers l'enseignement permet d'offrir une autre dimension au récit, celui-ci reste terriblement classique et passe par les mêmes étapes que dans les précédents films. De plus l'introduction des pandas et du père de Po n'est pas aussi intéressante et porteuse de révélations qu'aurait pu laisser croire la fin du deuxième film, ce qui s'avère décevant. Surtout que la manière de traiter cette intrigue est attendue et use de beaucoup trop de clichés faisant que niveau humour l'ensemble est en pilotage automatique et ne se contente que du strict minimum. Ce qui est le plus réussi c'est la manière qu'à le film de se connecter au premier opus, donnant vraiment l'impression qu'un boucle vient de se boucler et même si des suites sont a venir, on ne se retrouve pas devant un cliffhanger putassier mais on quitte le tout avec un sentiment d'achèvement pas désagréable. On regrettera néanmoins que les cinq cyclones soient totalement laissé de côté tout comme Shifu, les personnages ayant vraiment du mal à évoluer mais le retour de Oogway est appréciable permettant d'avoir une finesse dans l'écriture des dialogues qui se montre plus habile que dans le précédent opus. On se retrouve sinon face aux traditionnelles morales de ce genre de films, parlant de l'identité, de la place de chacun et de l'importance de nos proches. De quoi satisfaire les plus jeunes même si le message est terriblement simpliste et bien trop naïf.
Le casting vocal est encore une fois impeccable, Jack Black est toujours aussi investi dans son rôle de Po même si ses acolytes sont légèrement en retrait ici. Néanmoins il est rejoint pas Bryan Cranston qui fait un travail correct dans le rôle de son père, oscillant entre la gravité et la jovialité. Celui qui impressionne le plus est cependant J.K. Simmons qui fait un travail sur sa voix assez admirable pour camper le méchant de service. Sorte de "Kratos" surpuissant à la voix très appuyée - référence qui parlera aux connaisseurs du jeu vidéo God of War - il arrive à se montrer charismatique à défaut d'être intéressant et est bien servi par la prestation de Simmons, dont la voix est presque méconnaissable mais parfaitement adapté au personnage.
La réalisation se montre assez somptueuse. L'animation à clairement franchit une étape en 5 ans et la saga n'a jamais été aussi colorée, vive et réaliste dans sa manière de représenter les émotions sur les visages. Les détails, les décors et etc tout est chatoyant et magnifiquement retranscrit. On est loin de l'aspect plus sombre du deuxième opus et plus que jamais la licence s'inspire du folklore chinois pour appuyer son univers et marquer la rétine notamment dans sa conception du monde des esprits et l'aspect patchwork de ses arrières plans. Le montage est énergique, composé de split screen pour dynamiser l'image et offrir un rythme effréné tandis que la musique composé par Hans Zimmer est moins inspirée et épique que pour les deux premiers films, souffrant vraiment de l’absence de John Powell. La mise en scène de Jennifer Yuh Nelson et Alessandro Carloni est aboutie mais aussi assez classique, ne profitant pas dans tout les possibilités offertes par l'animation. Restant dans quelque chose de très codifié, le tout manque de folie et devient même lassant lorsqu'il s'agit des scènes de combats, moins nombreuses et bien moins inventive que lors des précédents opus malgré une introduction prometteuse et assez bien pensé. L'entrée en matière d'un monde des esprits aurait vraiment pu pousser à des bonnes choses mais c'est sous exploité et conduit à un final expédié qui manque de force. De plus le film peine vraiment à créer des gags visuels digne de ce nom et cède à la facilité.


En conclusion Kung Fu Panda 3 est un film moyen qui continue d’asseoir l’essoufflement de la saga. Finir sur cet opus aurait sans doute été plus judicieux, car il n'est pas sûr que le tout puisse encore fonctionner sur trois autres épisodes. Car ici même si une limite est atteint on se laisse encore prendre au jeu grâce à un visuel flatteur, un rythme confortable, un humour facile mais qui à ses fulgurances et un casting vocal qui fait le job. Reste que l'on se lasse vraiment de voir pour la troisième fois le même film et qui semble être fait avec de plus en plus de paresse, comme si l'équipe aux commandes était en pilotage automatique. C'est donc un film qui se repose sur ses codes et qui, à l'inverse de son héros, ne parvient pas à refaire ses preuves. Même si la formule devrait encore plaire aux enfants, elle devrait sérieusement commencer à faire bailler les adultes.

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le 30 mars 2016

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Flaw 70

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