Sous ses atours de détournement rigolard des films d'arts martiaux, la saga Kung Fu Panda parle, de manière finalement assez juste, de l'identité et de la filiation. Certes, on reste malgré tout dans le cadre du film d'animation familial, mais sans y toucher, au gré de quelques scènes, se dessine la quête d'un enfant déraciné. Car Po, il ne sait pas qui il est. Encore moins à quoi il est destiné ou ce qu'il se cache sous son pelage noir et blanc ou dans son gros bidon. Après avoir compris sa nature et réussi à la maîtriser, Po effectue le trajet classique du retour à ses origines dans ce Kung Fu Panda 3 qui réussit miraculeusement à ne pas se perdre en route, à tenir bon la barre et la qualité de son ensemble.
Car c'est la première qualité qui saute aux yeux : Kung Fu Panda 3, c'est toujours aussi beau et chatoyant, doublé d'un souci du détail constant, d'un art du combat joliment chorégraphié, des personnages sympathiques et quelques nouvelles têtes bienvenues. Le film est aussi l'occasion d'élargir l'univers, d'aborder de nouveaux décors et de faire la connaissance d'un village panda perché dans la montagne, prétexte à présenter une famille que l'on croyait disparue. Si celle-ci demeure assez schématique, elle réserve quand même deux ou trois bonnes idées de gags et laisse libre cours aux réalisateurs de creuser le sillon de l'identité. Cela reste léger, bien sûr, mais avec un papa de coeur qui fait coin-coin et un autre tout aussi noir et blanc que lui, mine de rien, Po exprime la situation de l'enfant adopté ou celui d'un couple gay, de ses tiraillements, de ce qui se passe dans son coeur.
Le tout est joliment emballé, avec une animation souple et léchée qui réussit encore parfois à nous surprendre. Ce troisième Kung Fu Panda reste donc un film plaisant et agréable, qui aurait simplement pu éviter d'inviter Maître Paresseux au festival de la représentation des arts martiaux. Car en effet, les deux réalisateurs, Jennifer Yuh Nelson et Alessandro Carloni, même s'ils ont bon goût, se contentent de gérer les acquis sans oser l'originalité ou la plus petite prise de risques. A l'image du méchant buffle, dont l'idole est sans doute notre bon vieux Kratos, à qui il semble avoir piqué les chaînes et le style de combat. Ou encore ces guerriers de jade aux faux airs de palantir.
Si le film ne sort jamais des balises du parcours qu'il emprunte, il n'oublie cependant pas de faire évoluer son personnage principal. Sachant enfin qui il est, Po semble, dans ce troisième épisode, passer une étape supplémentaire dans son apprentissage, via la maîtrise du chi. Si le panda conserve toute sa maladresse, sa gourmandise et l'aspect geek de l'adolescent contemporain, il accède à une certaine forme de spiritualité et de sagesse, se hissant, qui l'eut cru, à la hauteur de son maître qui viendra lui faire coucou.
Ne serait-ce pas ce qu'on appelle grandir ?
Behind_the_Mask, ♫ pandi panda ♪.