The Untold Story
Très hypé par la bande annonce qui annonçait une comédie française sortant des sentiers battus, avec un humour noir, méchant, caustique, et même un côté gore et politiquement incorrect, Barbaque...
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le 31 janv. 2022
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Vous vous rappelez avoir senti le coup de pied de Yuen Biao sur l’acteur doublant Melvin Wong dans Righting Wrongs ? La première fois que vous avez vu un bêtisier avec Jackie Chan confronté à l’une de ses erreurs presque fatales ? Ou encore le péril que courent les acteurs dans le plan final de Devil Hunters ? Oui, des trucs dingues comme ça, c’est l’expérience vécue par tous les fans du cinéma de Hong Kong, et ça contribue à l’appréciation immédiate du travail que représentent les cascades à une époque où la sécurité était bien moins une priorité que la réalisation du plan. John Wei, le réalisateur du documentaire Kung Fu Stuntmen qui nous intéresse ici, a déclaré ce qui suit : « De nombreux cascadeurs légendaires ont une vie difficile et beaucoup sont inconnus. C’est pourquoi j’ai décidé de réaliser un film documentaire en hommage à leurs efforts continus et à leur esprit inflexible ». Et bien merci John Wei pour ce travail, parce que c’était drôlement bien.
Kung Fu Stuntmen est, à ma connaissance, le premier film de ce type depuis le documentaire Red Trousers : The Life of Hong Kong Stuntmen, réalisé en 2003 par Robin Shou. Il est produit conjointement par la Hong Kong Action Stunt Performers Association et par Beijing Jizhi Image Film and Television Culture Co., Ltd et il aura fallu pas moins de deux ans à John Wei pour le mettre en boite. Réalisateur et historien du cinéma, il a interrogé près d’une centaine de réalisateurs de films de kung-fu, d’acteurs, de chorégraphes et de cascadeurs de renom, ainsi que certains jeunes acteurs de la nouvelle génération. Les amateurs de ciné HK de la belle époque seront aux anges et c’est avec plein de nostalgie qu’ils écouteront Sammo Hung, Stephen Tung, Donnie Yen, Liu Chia-Yung, Yuen Woo-Ping, Stanley Tong, Tsui Siu-Ming, Billy Chan, Mars, Yuen Tak, Sharon Yeung, Yuen Wah, Yuen Bun, Tony Leung Siu-Leung, Ching Siu-tung, Ng See-yuen, Tony Leung Siu-Hung, Eric Tsang, Chin Siu-Ho, Chin Kar-Lok, Tsui Hark, Wilson Tong, Lee Hoi-San, Andrew Lau, Benny Lai, Hung Yan-Yan et bien d’autres… Des interviews donc, mais aussi des images d’archives, des extraits de tournage, des extraits de films, des anecdotes, des photos, … On en apprend plus sur le métier des cascadeurs, dont beaucoup sont issus de l’Opéra de Pékin avec une formation de gymnaste ; comment ils étaient formés ; comment fonctionnait leur métier ; leur salaire ; comment étaient chorégraphiés les combats ; la signification de certains cris ; comment ont été faites certaines scènes cultes ; comment ils dépensaient l’argent qu’ils gagnaient, … Mais aussi pas mal d’historique, comme par exemple pourquoi beaucoup d’artistes martiaux ont migré à Hong Kong à cause de la guerre, ce que sont devenus les locaux des défuntes maisons de production Shaw Brothers et Golden Harvest. Oui, vraiment de quoi susciter la nostalgie de ceux qui ont suivi ce cinéma ces 50 dernières années.
Le documentaire va donc retracer tout un pan d’histoire du cinéma de Hong Kong. Il va bien entendu, car c’est inévitable, expliquer la folie Bruce Lee qui a fait rentrer le ciné martial HK dans une nouvelle ère (passant de quelque chose de très « dansé », façon Bollywood, à quelque chose de plus sec et brutal), nous permettant par exemple d’apprendre que Yuen Wah et Bruce Lee étaient très proches ou ce que la mort du petit dragon a engendré sur l’industrie. Il s’attarde également sur ce qu’a apporté Liu Chia-Liang avec des anecdotes rigolotes comme le fait qu’ils étaient obligés de ralentir les combats car ce dernier était trop rapide là où ils avaient l’habitude, avec d’autres acteurs, de les accélérer pour leur donner plus de punch. Bien entendu, on nous raconte la période qui a vu décoller Sammo Hung, Yuen Woo Ping, puis Jackie Chan qui, après une mauvaise expérience aux States (Cannonball Run), avait décidé de tirer le cinéma martial vers le haut. Il nous parle aussi du cinéma de Hong Kong de manière générale, ce qu’il est devenu aujourd’hui, avec beaucoup moins de cascadeurs qu’avant car le cinéma d’action n’est plus en odeur de sainteté, au point qu’il a fallu ouvrir des écoles spéciales de cascadeurs pour faire naitre des vocations. John Wei nous parle du métier de cascadeur d’aujourd’hui, qui est bien plus compliqué qu’avant, surtout avec le mastodonte chinois à côté et ses nombreuses écoles, ses nombreux talents, ses nombreux cascadeurs. Certaines anecdotes qui nous sont contées sont assez folles, tout comme certains extraits de tournage vraiment impressionnants, avec des cascades ratées qui font très mal. On y découvre également le travail de certaines doublures/cascadeurs sur par exemple le combat sur les échelles de Il Était une Fois en Chine ou le saut complètement fou dans Eastern Condors.
Ce qui ressort au final de Kung Fu Stuntmen, c’est un regard assez nostalgique de cette époque du cinéma de Hong Kong. On a vraiment l’impression que tous ces cascadeurs, que tous ces acteurs qu’on connait tous, forment une grande famille. Un regard nostalgique, oui, mais aussi un regard plein de mélancolie, voire de tristesse, comme en témoigne cette scène post-générique consacrée à feu Lam Ching-Ying considéré par toute la profession comme le meilleur d’entre eux. On ressent bien que le réalisateur John Wei a grandi avec tous ces gens, qu’il a eu envie de leur rendre hommage, mais qu’il cherche également à toucher une nouvelle génération de cascadeurs et de réalisateurs chinois afin qu’ils produisent de nouveau ce genre de scènes complètement folles. Il le dit lui-même lors d’une interview : « J’espère que le film pourra inspirer une nouvelle génération de cinéastes chinois et qu’ils hériteront de l’esprit de lutte montré par ces cascadeurs. Ce n’est que lorsque vous aurez un tel esprit que les films chinois pourront vraiment perdurer ». Pour Hong Kong, on pourrait penser que c’est peine perdue, bien que des films comme Raging Fire de Benny Chan tendent à prouver le contraire, mais avec les pressions chinoises sur l’ex-colonie britannique, le film d’action n’est plus le genre de prédilection. Pour la Chine, c’est une autre paire de manches. Le marché est inondé de wu xia pian destinés à la SVOD, des films souvent faits à la chaine, sans réelle envie de proposer des jolies cascades et où le montage prend le dessus sur les chorégraphies pour les combats. Néanmoins, on trouve certaines exceptions, comme les récents One More Shot (2021), Caught in Time (2020) ou encore Taoist Priest (2021) qui respirent l’amour pour le cinéma HK des années 80/90, leurs scènes d’action, leurs cascades. John Wei a envie de plus de films du genre, avec une nouvelle génération de cascadeurs, pourquoi pas dirigés par les vétérans du cinéma de Hong Kong. Il n’y a plus qu’à espérer que son documentaire fasse naitre des envies et des vocations.
Facile à voir, bourré d’interviews et d’anecdotes, respirant bon la nostalgie, Kung Fu Stuntmen est un documentaire sur les cascadeurs de Hong Kong que tout amateur de ciné HK des années 70/80/90 se doit de voir.
Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com
Créée
le 19 oct. 2021
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