The Untold Story
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le 31 janv. 2022
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J’explore de temps en temps les bas-fonds du cinéma de Hong Kong, des petits films inconnus qui parfois valent le coup d’œil, parfois méritent de rester dans l’anonymat dans lequel ils étaient tombés. Souvent disponibles dans des qualité assez catastrophiques (VCD, LDRIP de mauvaise facture), j’ai parfois l’impression d’être un archéologue de ce cinéma HK que j’aime tant, quitte à me taper parfois de sacrées bouses (je parle de vous Deadly Illusion et The Lady Punisher). Aujourd’hui, on va parler de Kung Fu Vampire et de son titre qui à lui tout seul est tout un programme, monumental échec lors de sa sortie cinéma en 1994, ne rapportant même pas 100000$HK (soit même pas 12000€ avec le change d’aujourd’hui). Les rip-off de Mr Vampire n’étaient plus à la mode à cette époque, le public semble avoir boudé le film, à moins que ce ne soit le bouche à oreille qui ait été catastrophique. Sur la toile, Kung Fu Vampire n’a pas très bonne réputation et les quelques très courts avis trouvables ci et là annoncent un film devant lequel je risquais de passer un mauvais moment. Et c’est ce qu’il s’est passé, non pas que ce soit le pire film sur lequel je suis tombé lors de mes errances dans ces bas-fonds, mais c’était quand même pas très bon.
Yuen Chung-Yan, du clan Yuen Woo-Ping dont il est le frère, est une tête très connue du cinéma de Hong Kong puisqu’il est apparu dans pas moins de 176 films. Il est également chorégraphe et directeur de scènes d’action, mais aussi réalisateur à ses heures perdues. Son plus connu étant son premier, le très chouette Taoism Drunkard (1984), mais on le trouve aussi derrière des films tels que Lucky Diamond (1985) avec Anita Mui, Live Hard (1989) avec Simon Yam, Here Comes a Vampire (1990) avec Sandra Ng, ou encore l’improbable et très fun Wizard’s Curse (1992). Kung Fu Vampire (1993) est sa dernière réalisation, si on met de côté Kung Fu Man (2013) qu’il coréalise, et il délocalise le tournage en Chine continentale, avec une partie du casting provenant du continent, et un tournage en mandarin. Est-ce pour tâter le terrain justement sur le continent ? Je n’ai pas la réponse, mais ça permet au moins d’avoir tout un tas de très jolis décors naturels : montagnes, forêts denses, immenses cascades, … Le casting est assez méconnu. A part Mandy Chan (Taoism Drunkard, Tiger Cage 2) et l’acteur chinois Ji Chun-Hua (Le Sorgho Rouge, Fong Sai-Yuk II), c’est toute une tripotée de parfaits inconnus qui vont errer dans le joyeux bordel qu’est Kung Fu Vampire. Premier problème, les personnages sont inintéressants. Le héros est extrêmement cabotin et devient vite très agaçant, l’héroïne manque clairement de charisme, et leur romance niaise devient rapidement sans intérêt tant elle ne va nulle part. Leurs péripéties ne sont en plus pas très intéressantes et seul Ji Chun-Hua, qui incarne le grand méchant roi des zombies, tire son épingle du jeu, très charismatique et fait de son personnage un excellent méchant. Il n’est malheureusement pas assez présent à l’écran. Si ces péripéties ne fonctionnent pas, c’est parce que le rythme du film est très mal géré. Par exemple, avant d’avoir droit au final que tous les amateurs de tatanes HK attendent, il va falloir se taper 15 à 20 bonnes minutes soporifiques d’une scène de « mariage » interminable.
Le scénario est un beau bordel, avec des clans, des cadavres qui sont déplacés, un roi vampire / zombie, des imposteurs, des jiangshi bombe. L’histoire est souvent absurde avec ce duo de héros qui se retrouve mêlé à un conflit entre prêtres taoïstes utilisant des cadavres pour transporter des choses, et les villageois locaux. On finit très rapidement par ne plus y comprendre grand-chose, ou alors est-ce parce qu’on a déjà décroché au bout de 20 minutes ? La réalisation est assez plate et, hormis quelques tentatives de dynamiter un peu l’ensemble avec quelques mouvements de caméra originaux, l’ensemble est passe partout. Sans compter les scènes un peu trop sombres où, possiblement à cause de la qualité du support, on n’y voyait pas grand-chose. Et puis le film a le cul entre deux chaises. On a parfois l’impression qu’il a envie d’être un divertissement familial, avec beaucoup de moments bien niais, et parfois il vire vers le Cat III, avec un bras arraché, une scène de torture, ou encore des boobs le temps de deux plans furtifs. Un peu comme si Yuen Cheung-Yan n’avait pas assumé son dernier délire, Wizard’s Curse, mais que ce dernier avait parfois délavé sur Kung Fu Vampire. Parce que certaines scènes sont quand même un joyeux bordel, au point que, même si le film dans son ensemble n’est clairement pas bon, on s’amuse malgré tout de temps en temps. Magie noire à base d’asticots et de sang de serpent, torture aux rongeurs brûlés, combat contre un vampire récalcitrant, tout n’est malgré tout pas à jeter. Par exemple, les combats sont plutôt corrects, bien rapides, bien nerveux, et bien qu’on ait vu mieux dans le genre, ils sont ce qu’il y a de meilleur dans Kung Fu Vampire, bien qu’ils soient trop courts et peu nombreux. Il y a quelques cascades et chutes qui font mal (impliquant des escaliers ou des meubles), un petit passage sympathique rappelant le Mister Dynamite de Jackie Chan / Eric Tsang, et le final nous fait finir sur une note positive et heureusement, car le film en avait besoin pour ne pas tomber dans les pires rejetons de la ghost kung fu comedy.
Kung Fu Vampire surfe beaucoup trop tard sur la mode des ghost kung fu comedy popularisée par Mr Vampire de Ricky Lau, en plus d’être assez médiocre en soi. On comprend aisément le four à sa sortie et l’anonymat dans lequel il est rapidement tombé.
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-kung-fu-vampire-de-yuen-cheung-yan-1993/
Créée
le 3 oct. 2023
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